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De ce que certaines plantes et surtout des monocotylédones (graminées, etc.) renferment un peu de silice dans leur constitution normale, on ne peut pas en conclure, comme quelques personnes l’ont suggéré, que la silicification de ces bois a eu lieu pendant que les arbres végétaient. Une solution de silice assez abondante pour produire un pareil effet, soit brusquement, soit graduellement, eût obstrué les vaisseaux, empêché toute circulation des fluides nourriciers et amené promptement la mort. Ce qui est plus probable, c’est que la précipitation de la silice de sa dissolution dans les eaux environnantes a pu être déterminée par les acides végétaux que développait la décomposition de ces derniers dans certaines circonstances données.

Le temps nécessaire à la pétrification ou silicification complète d’un tronc n’est pas connu, mais il semble devoir être très-variable, suivant les diverses circonstances qui accompagnent le phénomène, et, de ce que les piliers en bois d’un pont sur le Danube, dont on attribue la construction à Trajan, ne sont trouvés silicifiés, après 1700 ans, que sur une épaisseur de 6 lignes tout autour, tandis qu’ils n’avaient point été modifiés vers le centre, il ne s’ensuit pas nécessairement que ce laps de temps soit toujours nécessaire pour un tel résultat[1] ; on pourrait même dire, à priori, qu’il n’en doit pas être ainsi, car la plupart des bois seraient détruits avant que l’action minéralisante les eût préservés.

Le carbonate de chaux peut aussi remplacer de la même manière les tissus végétaux. M. Stokes cite un morceau de bois de Hêtre, trouvé dans un aqueduc romain, à Eilsen, dans la principauté de Lippe-Buckeberg, où le carbonate de chaux a été substitué à la matière ligneuse. Une coupe transverse montre ces parties pierreuses irrégulièrement circulaires, d’une ligne et demie de diamètre. Elles se prolongent dans toute la longueur du morceau, soit d’une manière continue, soit sous forme de chapelet. On peut reconnaître les vaisseaux dans la

  1. Knorr, Recueil des monuments, etc., vol. I, p. 4.