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des sciences naturelles ; il en est le premier et le dernier a dit un de nos plus célèbres zoologistes[1], et le jour où nous en serions complètement maîtres, nous serions bien près de le devenir de la science entière. Un botaniste éminent a dit aussi : « Énoncer clairement ses opinions sur la nature de l’espèce est pour un naturaliste l’épreuve la plus redoutable de toutes[2]. »
J. Ray, Emm. Kœnig, Tournefort.

Les anciens ne semblent s’être préoccupés de l’espèce, ni au point de vue de la nature ni au point de vue de la science, et l’on peut dire qu’il en a été de même des auteurs de la Renaissance. En 1688 Emmanuel Kœnig[3] réunit les individus en espèces et fait de celles-ci des divisions du genre. De son côté Jean Ray[4] regarde comme étant de même espèce les végétaux qui ont une origine commune et se produisent par semis, quelles que soient leurs différences apparentes. Mais, ajoute un de nos savants naturalistes[5], l’espèce ne fut réellement caractérisée qu’en 1700 par Tournefort. Il avait défini le genre, l’ensemble des plantes qui se ressemblent par leur structure ; il appelle espèce la collection de celles qui se distinguent par quelques caractères particuliers[6].
Linné.

En 1736, Linné résume sa doctrine dans cet aphorisme, comme il l’appelle : Nous comptons autant d’espèces qu’il y a eu de formes diverses créées à l’origine[7]. En 1751, dans la Philosophie botanique[8], il conclut qu’autant on rencontre aujourd’hui de formes et d’organisations différentes, autant il

  1. Alph. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, vol. II, p. 68, 1655.
  2. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle générale des règnes organiques, vol. II, p. 349 ; 1849.
  3. Regnum vegetabile, in-4, p. 68 ; 1688.
  4. Historia plantarum et Synopsis méthodica animalium, in-4. Londres, 1693.
  5. De Quatrefages, Unité de l’espèce humaine, p. 49 ; 1861.
  6. Institutiones rei herbariæ, in-4, p. 50 et passim. Paris, 1700.
  7. Fundamenta botanica, aphor. 155, éd. in-12, p. 18. Amsterdam, 1736.
  8. Philosophia botanica, aphor. 157, in-8, p. 99, Stockholm, 1751.