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chimiques et physiques de tous les temps et quelles que soient les roches qui les renferment, celles que par conséquent on ne trouve jamais à l’état de moules ou d’empreintes, et qui ont presque toujours conservé une fraîcheur telle qu’elles semblent s’être détachées à l’instant de l’animal, ce sont les dents de poissons, les plaques palatales ou en pavés, etc., qui garnissent la bouche de ces animaux. On les rencontre souvent à profusion dans des couches où l’on ne trouve point de traces de leurs autres parties, sauf quelquefois des vertèbres en petit nombre. Nous ne possédions cependant jusqu’à présent aucune analyse qui vint nous expliquer cette inaltérabilité presque absolue, laquelle pouvait seulement nous faire soupçonner dans ces organes une proportion énorme de phosphate de chaux au moins égale à celle de l’émail des mammifères.

Notre savant collègue au Muséum, M. Fremy, a bien voulu, à notre prière, combler cette lacune, et nous sommes heureux de compléter les renseignements que nous avions déjà puisés dans son ouvrage en insérant ici les résultats de ses dernières recherches.

Les dents de poissons vivants (Oxyrhina, etc.) que nous devons à l’obligeance de M. A. Duméril étaient en général trop petites pour que l’on pût en analyser séparément et d’une manière quantitative les deux parties constituantes, l’émail et l’ivoire ; mais il résulte des essais qualitatifs que leur émail ne contient qu’une quantité insignifiante de substance organique, et qu’il est presque entièrement formé de phosphate de chaux uni à quelques centièmes de carbonate de chaux.

Cette composition, presque uniquement minérale, constituant ainsi à la surface de l’ivoire une couverte indécomposable et préservatrice, explique très-bien la solidité et la conservation des dents enfouies dans les roches sédimentaires des divers âges.

Quant à l’ivoire de ces mêmes dents, il a paru être identique avec l’ivoire ordinaire des dents des autres vertébrés, et sous tous les rapports il peut être comparé à la substance d’un