Altérations des corps organisés.
Les corps organisés, quelles que soient leur composition et
leur origine, à quelque classe qu’ils appartiennent, s’altèrent
plus ou moins rapidement dès que la vie les a quittés et qu’ils
restent exposés à l’action des agents atmosphériques, de l’air,
de la lumière, de la chaleur et de l’humidité. Leurs éléments,
l’hydrogène, l’oxygène, le carbone, l’azote et les substances
terreuses qu’ils contiennent se séparent pour entrer dans de
nouvelles combinaisons, ou bien retournent à l’atmosphère, à
l’eau et à la terre. Telle est, comme nous avons déjà eu occasion
de le dire, la loi générale de la nature.
Si donc des circonstances particulières n’étaient pas venues soustraire à une destruction complète les produits ou une partie au moins des produits des divers âges, nous ne saurions rien ou du moins bien peu de chose de l’histoire de notre planète ; nous ne serions probablement jamais arrivés à reconstruire, comme nous pouvons essayer de le faire aujourd’hui, le tableau des phénomènes physiques et biologiques dont sa surface a été le théâtre. Mais, par des moyens très-variés, la nature a pris soin en quelque sorte de nous conserver dans ses archives d’innombrables inscriptions qui portent leurs dates avec elles et qui parfois, comme les manuscrits palimpsestes, ont reçu l’empreinte d’une époque plus récente que celle à laquelle ils appartiennent réellement. Elles nous aident et nous guident dans la classification des faits ; elles nous permettent de déterminer leur âge par les corps organisés ou par leurs traces seulement qui ont échappé à la destruction, ayant été ensevelis dans les sédiments marins ou lacustres de tous les temps. Ce sont précisément ces procédés, employés par la nature pour nous transmettre ainsi la représentation plus ou moins exacte des faunes et des flores successives, dont nous avons à nous occuper actuellement.