Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’alvéole d’une abeille, l’élégant tissu d’un arachnide et l’habitation d’un castor. Comment la perfectibilité, cet apanage exclusif de certaines races, et dont tant d’autres devaient être à jamais déshéritées, pouvait-elle être soupçonnée ?

Aussi, comme nous l’avons dit en commençant, dans l’ordre physique de la nature, l’apparition de l’homme ne fut marquée par aucune circonstance particulière. Ses premières générations durent vivre entourées des animaux que nous voyons encore aujourd’hui, et sans apporter parmi eux d’autres changements que ceux qu’exigeait la nécessité de vivre, de se nourrir, de se vêtir et de s’abriter. Rien ne dénotait encore chez lui cette suprématie qu’il a successivement acquise par un phénomène psychologique tout particulier, et dont les diverses phases ne semblent pas avoir beaucoup fixé l’attention des philosophes qui ont toujours considéré l’homme comme s’il avait été créé contemporain de Périclès ou d’Auguste.

Combien de milliers d’années ont dû se passer avant l’invention de l’écriture, et si l’on songe que ses signes diffèrent, presque comme les langues, chez les diverses nations, il a fallu que ce moyen de transmettre et de perpétuer, la pensée se produisit indépendamment chez un certain nombre d’entre elles, et par conséquent sans que les progrès de l’une pussent toujours servir à d’autres ! Que de siècles n’a-t-il pas fallu ensuite pour qu’à l’idée de succession du temps on ait joint le moyen de le mesurer, d’en exprimer la durée, de l’appliquer aux choses de la vie et de la transmettre d’une manière intelligible et durable aux générations futures ! Les premiers éléments de la mesure du temps, déduits de l’observation du cours des astres, supposent déjà des études suivies, multipliées, un esprit d’observation et de combinaison dont nous n’apercevons aucune trace dans les monuments de l’âge de pierre et de bronze.

Toute l’antiquité, telle que nous la connaissons, avec ce qu’elle nous a transmis de science, d’art, de littérature, de philosophie, de politique et de dogmes religieux, est donc relativement très-moderne et c’est ce dont il faut bien que se persuadent les philologues les plus érudits et les archéologues les