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qui nous paraissent si anciens, étaient probablement aussi éloignés eux-mêmes des premiers établissements de l’homme en Asie et en Afrique, d’un âge de pierre réellement primitif dans ces régions, que le Parthénon, Saint-Pierre de Rome et le Louvre sont éloignés des Kjökkenmöddings du Danemark, des habitations lacustres de la Suisse, etc.

L’étude de l’Asie sous ce point de vue doit donc être le grand desideratum de la géologie et de l’archéologie. Déjà les recherches récentes de M. de Filippi[1], qui était attaché en qualité de savant à l’ambassade envoyée en Perse par le gouvernement italien, ont fait connaître dans la vallée de l’Abhar des dépôts fort anciens renfermant, à divers niveaux, des restes de charbon végétal, des os et des fragments de poteries en pâte noire très-grossière. Les Tepés, ou monticules coniques, isolés, composés de matériaux incohérents, renferment les mêmes traces d’industrie primitive, de beaucoup antérieures sans doute à la fondation de Ninive et de Babylone. D’un autre côté, l’interprétation des caractères cunéiformes, déjà si avancée, ne peut manquer, si l’on parvient à recueillir tout ce que le temps a épargné, d’apporter aussi quelques éclaircissements sur les commencements de ces nations, dont nous ne connaissons encore que très-imparfaitement les temps de prospérité et d’éclat.

La simultanéité des civilisations n’existant pas, nous pouvons seulement penser qu’il y a toute probabilité pour que l’établissement des premiers hommes ait commencé en Asie, où se montrent aussi les restes des civilisations les plus anciennes ; mais une remarque qui s’applique à tous ces premiers établissements connus, c’est la rareté des débris humains comparés à l’abondance de ceux des animaux qui ont servi de nourriture à ces peuplades. Ces ossements, pour la conservation desquels les habitants ne prenaient certainement aucun soin, se trouvent par milliers, et ceux de l’homme lui-même, lorsqu’on fouille la terre, ne présentent que quelques spécimens incomplets.

  1. Acad. r. des sciences de Turin, 14 déc. 1862. — De Mortillet, Revue scientifique italienne, 1re année, p. 178 ; 1863.