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de la profondeur, c’est-à-dire qu’elle diminue comme le carré de la profondeur s’accroît ; par conséquent la dernière terrasse, due à l’action des mêmes causes, doit avoir exigé pour sa formation, toutes choses égales d’ailleurs, plus de temps que chacune des trois autres. Ainsi le temps depuis lequel les rivières suivent leurs directions actuelles semble pouvoir être divisé en autant de périodes qu’il y a de terrasses. Ces périodes auraient été d’inégales longueurs, et la dernière, celle que l’on suppose formée depuis que vivaient les populations qui ont construit les ouvrages en terre, est aujourd’hui la plus basse, et ferait remonter ces constructions à une haute antiquité, si l’on en juge par la marche actuelle des choses.

Mais un fait d’où l’on peut tirer peut-être une conclusion plus directe, c’est que ces travaux sont aujourd’hui recouverts de forêts qu’il est impossible de distinguer de celles qui les entourent, sur des points où il n’est pas probable qu’aucun défrichement ait été fait, et qui ont par conséquent tous les caractères des forêts que l’on peut supposer être primitives, comme si la nature s’était plu à voiler elle-même toutes les traces de ces peuples sans nom.

Ici nous ne trouvons rien de comparable à ces flores forestières qui, dans le nord de l’Europe, succédant à l’âge de pierre, semblaient y accompagner chaque âge des premières civilisations humaines. En Amérique, la nature reste uniforme : les arbres des forêts se succèdent sans modifier leurs essences ; ceux qui recouvrent les travaux des hommes ne diffèrent point de ceux qui les avaient précédés ; l’apparition de ces races perdues n’a été qu’un accident momentané après lequel la même végétation a repris tout son empire.

Quelques-uns des arbres de ces forêts qui couvrent les monuments ont une ancienneté certaine de 600 à 800 ans, et si l’on accorde un temps convenable pour le développement général de ces mêmes forêts, après que ces ouvrages eurent été abandonnés par ceux qui les avaient élevés, et pour la période sans doute fort longue qui a dû s’écouler entre cet abandon et la date de leur construction, nous nous trouvons reportés encore,