Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avons rappelé, on peut marcher impunément sur un courant de lave peu de jours après sa sortie du cratère, alors qu’il est encore incandescent et même fluide à une faible profondeur.

Les glaces polaires, avons-nous dit, n’existaient pas, la température des mers était plus égale aux diverses latitudes et aux diverses profondeurs. Par suite de la chaleur du fond, celle de la surface ne pouvait en aucune saison s’abaisser sensiblement au-dessous de celle de la masse. Les brumes qui devaient se former au coucher du soleil empêchaient la perte par le rayonnement. L’augmentation de température avec la profondeur était en rapport avec celle de la masse, et toutes les sources étaient thermales. Le peu d’étendue des terres et le peu de relief du sol devait rendre ces dernières peu abondantes et peu nombreuses.

Les êtres organisés, analogues à ceux de nos jours, n’ont pu commencer à vivre dans ces eaux que lorsque leur température était au-dessous de 100° et même de 80°. Ainsi, la végétation actuelle se développe sous des températures moyennes qui atteignent 28° cent., quelquefois 40° à 48"[1], si le sol n’est pas complètement privé d’humidité. Des animaux terrestres vivent dans les mêmes conditions.
Végétaux aquatiques.

On sait que des plantes aquatiques végètent dans des sources très-chaudes. Ainsi, l’Ulva labyrinthiformis, Linn., (U. thermalis) vit dans les ruisseaux d’Albano à une température de 85°. Des gazons de Marchantia et de Lycopodium, dans l’île d’Amsterdam, végètent dans des eaux à 85°. À Manille, un Aspalathus (légumineuse) et un Vitex (Gattilier) plongent leurs racines dans des eaux aussi chaudes. Ce sont en général des mousses, des graminées et des plantes stolonifères qui se plaisent dans ces conditions, où elles vivent d’ailleurs mieux qu’elles ne se reproduisent.
Animaux aquatiques.

Parmi les animaux, les mollusques vivent et se propagent dans des eaux douces et salées à 45° et même à 6D° cent. Le Gammarus locusta, petite crevette d’eau douce, vit dans le ruisseau

  1. Adanson, Hist. natur. du Sénégal, p. 26, 131 ; 1757.