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sable, de gravier et de coquilles modernes qu’on remarque sur beaucoup de points du littoral des Iles Britanniques ne permettent pas de douter du peu d’ancienneté des changements de niveau dans diverses localités. Cependant, jusqu’en 1861 on n’avait guère de preuves que ces changements fussent contemporains de l’établissement des hommes dans le pays ; ou plutôt on n’avait pas appliqué à cette idée celles que le hasard avait fournies.

Le long des bords de la Clyde, à Glasgow, on remarque une sorte de terrasse, parfaitement nivelée, de largeur variable et à 7m,82 au-dessus de la haute mer. Elle est composée d’argile alluviale, de vase, de sable avec des lits de coquilles. C’est évidemment un dépôt d’estuaire, de sorte qu’on est en droit d’en conclure que le lit de la rivière et ses bords ont été élevés depuis sa formation, et, dit M. Geikis[1], si l’on trouve enfoui dans ce dépôt, sans aucune apparence de dérangement, des traces de l’industrie humaine, on sera autorisé à croire que l’élévation est contemporaine de l’homme.

Eh bien, depuis 80 ou 90 ans, 18 canots ont été retirés de ce dépôt, et quelques-uns mêmes sous les rues de la ville en faisant des fondations. Les découvertes les plus importantes eurent lieu lors de l’agrandissement et du creusement du port. On en tira 12 qui, à deux exceptions près, étaient faits chacun avec un tronc de chêne ; 2 avaient été creusés au moyen du feu, d’autres à l’aide d’instruments grossiers, tels que des haches en pierre. Quelques-uns, qui avaient été travaillés, évidemment avec des outils en fer, permettaient de suivre les progrès de la construction de ces canots depuis les temps les plus barbares jusqu’à un certain degré de civilisation. La profondeur moyenne à laquelle ces barques se trouvaient au-dessous de la surface du sol était de 5m,76, et elles étaient à 2m,12 au-dessus des plus hautes marées de nos jours. La dernière que l’on ait retirée de ce dépôt était sous l’emplacement d’un ancien hôtel de la ville, à 6m,70 au-dessus de la plus haute marée de la rivière. Elles étaient toutes à plus de

  1. Quart. Journ. geom. Soc. of London, vol. XVIII, p. 218 ; 1862.