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On avait bien, il est vrai, signalé quelques exemples d’ossements humains ou de restes d’industrie humaine dans certaines cavernes de l’Europe et de l’Amérique du Sud, mais ils avaient été attribués à des mélanges accidentels, postérieurs aux dépôts dans lesquels se trouvaient les débris d’animaux éteints, ou bien à des erreurs d’observation, et la parole du maître conservait toute sa valeur, comme si une simple négation devait prévaloir contre des faits et arrêter la marche de la science. Mais ce qu’il y a de plus singulier, c’est qu’il ne s’éleva aucune opposition, lorsque, contrairement aussi à ce qu’avait dit Cuvier d’une manière très-péremptoire, on annonça la découverte de quadrumanes fossiles dans plusieurs terrains et dans plusieurs pays ; aussi pourrait-on croire que la question scientifique n’est pas la seule dont se préoccupent les personnes qui s’abritent ainsi derrière l’opinion de notre grand anatomiste.

Quoi qu’il en soit, l’attention des géologues a été appelée depuis quelque temps, non pas seulement sur l’existence d’ossements humains mélangés avec des restes d’espèces perdues, ce qui est encore un fait très-rare, mais sur la présence plus ou moins fréquente de pierres, ordinairement en silex, grossièrement taillées en forme de coin arrondi ou de hache, ou bien sous d’autres formes, au milieu de dépôts de transport des vallées, ayant tous les caractères de ceux de l’époque quaternaire.

Ces objets, par leur multiplicité sur certains points, leur ressemblance, leur identité même dans des pays fort éloignés, par l’impossibilité d’attribuer leurs formes à une autre cause qu’à la main de l’homme, ont fait naturellement conclure que l’espèce humaine avait apparu sur la terre avant la formation de ces dépôts et avait été par conséquent contemporaine des Éléphants, des Rhinocéros, des Hyènes, des Ours, des Hippopotames, du grand Cerf et autres espèces perdues qui s’y trouvent enfouies. Nous ajouterons toutefois que, excepté dans les cavernes dont les gisements n’ont pas toute la certitude ni toute la régularité des grands dépôts de sable et de cailloux des plaines et des vallées, aucun reste d’os humain n’avait