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dicotylédones concourant au résultat commun. Mais il serait difficile de prouver que ces derniers contribuent essentiellement à la formation du combustible.

Ainsi que nous l’avons dit précédemment pour les marais tourbeux du nord de la France, il n’y a aucune plante qui s’y trouve exclusivement, et aucun phanérogame immergé n’a la propriété de toujours produire de la tourbe ; d’où l’on doit conclure que, dans les circonstances favorables, c’est-à-dire dans les eaux tranquilles et basses où il n’y a ni courant ni action dissolvante, le ligneux des plantes quelles qu’elles soient se conserve sous l’eau pour constituer la tourbe. Partout où ces conditions n’existent pas le ligneux décomposé ne forme pas de couche de combustible. Aussi les joncs, les roseaux, les laichés, les rubanniers, plantes à feuilles longues, étroites, dures et tranchantes qui renferment beaucoup de ligneux, et parmi les cryptogames certaines mousses formées pour plus de la moitié de leur poids de ces mêmes libres ligneuses, se montrent partout dans les lieux humides où s’accumule la tourbe. Quant à la tourbe marine, elle paraît surtout formée de Zostera marina, de Fucus digitatus, etc. ; les Glaux et les Salicornes croissent à sa surface.

La flore des tourbières de l’Europe paraît être à peu près la même partout. Vers le nord, dit M. Lesquereux, apparaissent cependant quelques mousses rares. dans le Jura, la Paludella squarrosa et surtout les Splachnum. Quelques arbustes changent ; ainsi l’Erica vulgaris est remplacé par l’E. tetralix, les Airelles, l’Arbutus urva-ursi, l’Empetrum nigrum, qui dans le Jura ne croissent que dans les lieux élevés non tourbeux.

Quelques tourbes marneuses renferment une si grande quantité de débris de coquilles fluviatiles et terrestres qu’on a peine quelquefois à la faire brûler. Toutes les espèces vivent encore à la surface du sol ou dans les eaux voisines. Quant aux insectes des fosses tourbeuses, et particulièrement, les coléoptères fort nombreux, aucun n’appartient exclusivement à ces endroits. Les Colymbètes ou Dytiscus, les Gyrinus, les Hydrophiles y vivent comme dans toutes les eaux tranquilles. Leur