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de se former dans des conditions où, d’autres végétaux n’en produiraient pas, et en particulier le long des pentes supérieures des montagnes. Ces mousses ne se développent point d’ailleurs sous les arbres des forêts, et l’auteur n’a point observé de tourbes émergées dans la composition desquelles les Sphaignes n’entrent comme partie essentielle de la végétation qui les a formées. Dans les tourbes de la Terre-de-Feu, suivant M. Darwin, le rôle de ces mousses serait rempli par l’Astelia pumila et la Donatia magellanica, par cette dernière surtout dont les feuilles nouvelles se succèdent sans interruption autour de la tige ; celles du bas pourrissent d’abord, et, si l’on suit la racine dans l’épaisseur de la masse tourbeuse, on les voit conserver leur position sous leurs divers états jusqu’à ce que le tout ne forme qu’une seule masse.

Dans les dépôts tourbeux des montagnes on observe une sorte de stratification et des alternances dans leurs caractères qui proviennent de leur plus ou moins de développement, par suite de la quantité d’humidité à un moment donné. On ne remarque pas ces variations dans les tourbes immergées plus homogènes, s’élevant rarement au-dessus de l’eau et dans laquelle les mousses ne croissent pas. Il arrive quelquefois que les deux espèces de tourbe se superposent ; c’est lorsque les végétaux ligneux se développent à la surface de la tourbe qui atteint le niveau de l’eau et que les Sphaignes végètent sur leurs détritus. Il faut pour cela que la température soit froide, comme celle des lacs du nord de l’Europe.

La nature du sol n’a point d’influence sur la formation de la tourbe qui s’accumule sur les roches basaltiques, granitiques, arénacées, siliceuses, calcaires ou argileuses, mais si sa composition minéralogique ou chimique n’a aucune action à cet égard, nous ne pensons pas qu’il en soit de même de ses caractères physiques et de son état d’agrégation, comme nous l’avons dit plus haut.
Ancienneté.

M. Lesquereux ne croit pas qu’on puisse assigner l’époque à laquelle ont commencé à se former les marais tourbeux, mais nous trouverons dans l’examen de leurs relations stratigraphiques,