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L’auteur distingue ensuite les tourbières immergées et les tourbières émergées, distinction qui n’est pas toujours bien absolue, parce que les tourbières des vallées ne sont immergées complètement que pendant un court espace de temps.
Tourbe immergée.

La tourbe immergée se forme sur les bords de la mer, des lacs et des rivières, quand les eaux peu profondes sont calmes et surtout séparées du bassin général par des digues, des dunes ou des atterrissements. Il y en a aussi dans les petits lacs et les étangs des montagnes, où, à la faible profondeur de l’eau et à son peu de courant, s’ajoute la présence de végétaux ligneux, surtout des Potamophyles, des joncées, des Presles, des Carex et de l’Arundo phragnites. Ainsi les marais de l’embouchure de l’Authie, sur la côte du Pas-de-Calais sont encore presque inaccessibles et couverts de plantes aquatiques d’eau salée et d’eau douce, déposant une tourbe qui doit atteindre dans peu le niveau de l’eau. Le territoire d’Oldenbourg, autrefois séparé du reste du Holstein, tend à s’y réunir par le développement de la tourbe, et le bras de mer qui existait en 1320 sera comblé dans peu, de sorte que la ville maritime du quatorzième siècle va devenir une cité complètement de l’intérieur. Lorsque certaines circonstances ont interrompu la formation de la tourbe et que, par suite, le premier dépôt a été recouvert de marne ou d’argile, la tourbe peut se refermer de nouveau, si les conditions lui sont redevenues favorables, et l’on peut avoir deux couches distinctes de combustible, séparées, comme on en cite des exemples en Hollande et en Suisse. Aux environs de Neuchâtel, une couche de tourbe de 7 mètres de puissance repose sur un lit d’argile de 4m,50, supporté à son tour par une couche de tourbe plus ancienne de 6 mètres, ayant pour base une argile compacte.
Tourbe émergée.

Pour la tourbe émergée, M. Lesquereux remarque que les Sphaignes renferment, par suite de leurs propriétés hygroscopiques absorbantes très-prononcées, une quantité d’eau telle que ces mousses peuvent s’imprégner d’une aussi grande proportion d’humidité par l’atmosphère que par une nappe d’eau sous-jacente. Cette sorte de végétation permet ainsi à la tourbe