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qu’elles s’y maintinssent à l’état liquide, détermina la formation d’un Océan sans bornes, peu profond, mais parsemé, comme on l’a dit, d’innombrables îlots, représentant les aspérités de la première croûte oxydée de la terre et enveloppés d’une atmosphère épaisse, dense, laissant pénétrer à peine une partie de la lumière solaire. Aussi peut-on dire que cette expression du deuxième paragraphe de la Genèse : La terre était informe et toute nue, les ténèbres couvraient la surface de l’abîme, l’esprit de Dieu était porté sur les eaux, est une belle image de l’état du globe tel que nous pouvons nous le représenter à ce moment.

Tant que dura cet état de choses on conçoit qu’il ne pouvait y avoir d’eau douce permanente ; car, en supposant que l’atmosphère fût déjà assez refroidie et purifiée des substances étrangères tenues en suspension soit à l’état de gaz, soit à l’état de vapeur, l’eau résultant de la condensation retombait toujours dans la mer, ou sur ses îlots primitifs, ne trouvant encore aucun récipient suffisant pour se conserver. S’il y en avait, leur faible étendue, leur peu de profondeur, l’élévation de la température du fond comme celle de l’air ne permettaient pas à l’eau d’y séjourner ; de sorte que ces étangs et ces lacs des premiers âges de la terre étaient purement temporaires.

Si nous en jugeons par ce que nous connaissons des êtres organisés de la période silurienne, il en fut ainsi pendant un laps de temps énorme, car nous n’y trouvons nulle part de. formes animales qui rappellent, je ne dirai pas celles de nos eaux douces actuelles, mais celles que nous connaissons dans les époques tertiaire et secondaire, lesquelles sont d’ailleurs tellement analogues à celles de nos jours, que l’on comprendrait difficilement qu’il en eût été autrement dans les époques antérieures. Toutes les formes paraissent donc être marines et rien dans les produits organiques de ces temps reculés ne trahit l’existence de terres émergées d’une certaine étendue ; les premières traces des végétaux qu’on y rencontre sont d’origine aquatique et marine, et celles de la période dévonienne appartiennent à des plantes qui ont vécu sinon dans la mer, du moins