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Formation de la tourbe.

Voyons actuellement quelles sont, d’après les recherches les plus récentes et en nous aidant surtout de l’excellent travail de M. L. Lesquereux[1], les circonstances physiques les plus générales dans lesquelles se forme la tourbe, l’âge probable de ses dépôts, les végétaux qui entrent pour la plus grande part dans leur composition, la proportion de leur accroissement, leur répartition géographique à la surface des continents et des iles, la comparaison de cette répartition avec celle des dépôts houillers et l’analogie de leur mode de formation, enfin les restes de corps organisés animaux et les autres objets qu’on y rencontre.

La tourbe, dit M. Lesquereux, peut se former au-dessus et au-dessous de la surface de l’eau, au contact de l’eau douce et au contact de l’eau salée. Elle résulte de l’accumulation des débris de végétaux qui croissent à la surface du sol, dans les eaux des lacs comme sur les pentes des montagnes, dans les bassins peu profonds des vallées comme sur les rives inondées des fleuves et des rivières.

Les fibres ligneuses du bois se conservent, comme on sait, fort longtemps sous l’eau, et c’est la partie également ligneuse des plantes herbacées, c’est-à-dire celle qui résiste le mieux à l’action décomposante des agents extérieurs, qui entre dans la composition de la tourbe. Elle la constitue réellement, sans quoi le résultat de l’altération serait, comme à l’air libre, de l’humus ou du terreau. Les Carex, les Eriophorum, certaines mousses, etc., sont, malgré leur apparence, composés en grande partie de filaments ligneux. Au lieu donc d’envisager la tourbe, dit l’auteur, comme le résultat immédiat d’une sorte de fermentation particulière, il faut l’attribuer à une résistance à ce phénomène ; et cet obstacle essentiel est la présence de l’eau. La tourbe est donc un composé de la partie ligneuse des végétaux dont la fermentation, et par conséquent la décomposition, sont retardées par la présence et la température de ce liquide.

  1. Quelques recherches sur les marais tourbeux en général. (Mém. de la Soc. des sc. natur. de Neuchâtel, t. III, p. 1 ; 1845.)