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De quelques observations qui nous sont personnelles, dans le nord de la France, nous avons conclu que la tourbe peut se former avec les débris de toutes sortes de végétaux ; mais il faut pour cela que les eaux ne soient pas complètement stagnantes, qu’elles ne charrient pas une grande quantité de limon, qu’elles soient peu sujettes à de grandes crues. Il faut en outre qu’elles soient très-peu profondes, que leur mouvement soit très-peu rapide et qu’elles coulent sur un fond argileux ou peu perméable, et non sur des dépôts de transport diluvien de sable, de gravier et de cailloux roulés.

Nous avons fait voir en outre que les vallées essentiellement tourbeuses, telles que celles de l’Authie, de la Somme, de l’Ailette, de l’Ourcq, de l’Essonne, des petits affluents de la rive droite de l’Oise dans le département de ce nom, de la Brèche, du Thérain et de l’Epte au delà, sont plus ou moins tourbeuses dans toute leur étendue, tandis que les vallées proprement dites de l’Oise[1], de l’Aisne, de la Marne et de la Seine, dont les eaux coulent sur un diluvium sableux et de cailloux roulés plus ou moins épais et plus ou moins étendu sur leurs bords, ne présentent nulle part de véritable tourbe continue sur des surfaces d’une certaine importance.

Les vallées tourbeuses précédentes perdent leur propriété précisément à leur débouché dans celles qui sont impropres à la production de ce combustible, et l’on reconnaît que leur fond est constitué par la craie, par les argiles des lignites ou par la glauconie inférieure, presque toujours séparée de la craie par une couche imperméable. De plus, ces rivières n’ont que de faibles crues, et lorsqu’elles sortent de leur lit ne déposent pas d’épais sédiments sur les surfaces qu’elles ont momentanément couvertes.

  1. Les vastes tourbières de la rive droite de l’Oise, des environs de Compiègne à Pont-Sainte-Maxence et au delà, ne sont qu’une exception apparente ; en réalité elles reposent, non pas sur le diluvium de la vallée, mais sur les argiles des lignites, sur la glauconie intérieure ou sur la craie de cette petite région que borde ou que recouvre le diluvium seulement dans le voisinage immédiat de la rivière.