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se trouve au sud du Rio-Loa, et au nord des îles de Chincha jusqu’à Payta. Aussi Alex. de llumboldt ne pensait-il pas que ces dépôts fussent tous de l’époque actuelle. M. de Bivèro, qui en a fait une étude spéciale, croit, au contraire, que la quantité prodigieuse des oiseaux qui y contribuent, seulement pour les îles Chincha, où il estime leur nombre à 264,000 ; l’aurait pu, dans un laps de temps de 6000 ans, produire la masse du dépôt en question, estimée à 561 millions de quintaux et à raison de une once par nuit pour chaque Guanaes. Cette masse est entièrement formée aux dépens des animaux marins et plus particulièrement des poissons.
Éléments enlevés à l’atmosphère.

Évaluant ensuite à 2,3 0/0 la quantité d’azote que contient le poisson frais, et le guano du Pérou en renfermant 14 0/0, M. Boussingault en déduit que 100 kilogrammes de guano représentent l’azote de 600 kilogrammes de poissons de mer, et que les 378 millions de guano dont on vient de parler proviennent de 2 milliards 268 millions de quintaux de poissons de mer, et les 53 millions de quintaux d’azote ont dû être pris à l’atmosphère, puisqu’on ne connaît pas à ce gaz d’autre gisement primitif.

Le guano terreux, celui qui est privé de substances ammoniacales enlevées par les eaux pluviales et qui se trouve au nord et au sud de la zone que nous venons d’indiquer, est presque entièrement formé de phosphate de chaux ; et si l’on estime à 95 millions de quintaux métriques le phosphate de chaux des divers gisements de guano, soit à 1/4 de la masse totale, on trouve, suivant une-remarque de M. Jgbert de Lamballe, qu’il y aurait de quoi composer le système osseux de 4,000,000,000 d’hommes, c’est-à-dire quatre fois la population actuelle du globe telle qu’on la suppose.

Nous ferons observer d’un autre côté que l’azote soustrait à l’atmosphère et fixé dans le guano ne retourne plus à sa source et qu’il n’y a dans ces conditions aucun agent naturel pour le lui restituer. Cette action des Guanaes, en se prolongeant indéfiniment ou jusqu’à leur disparition dans la suite inconnue des temps, doit augmenter aussi indéfiniment la quantité de