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des soulèvements très-complexes à des époques très-différentes, suivant la même direction, même pendant l’époque tertiaire. Peut-être le mouvement auquel il fait allusion serait-il seulement celui ou l’un de ceux qui ont élevé, le long des côtes du Pérou et du Chili, les dépôts de coquilles modernes à 100, 200 et 300 mètres au-dessus du niveau actuel de l’Océan ?
Observations générales.

Les objections faites jusqu’à présent aux vues théoriques que nous venons d’exposer n’ont pas une très-grande force et nous paraissent inutiles à reproduire. Nous ne voyons d’ailleurs aucune nécessité pour que ce qui se manifesterait aujourd’hui, sous des conditions particulières, donnant lieu à ces résultats si singuliers, ait dû se passer de même et occasionner des effets semblables à une époque géologique plus ou moins rapprochée. Il ne s’agit point ici d’une loi générale de la nature, mais de phénomènes particuliers.

Si sur quelques points des mers de l’Europe occidentale il existait, pendant la période jurassique, des îlots madréporiques comparables à ceux des mers équatoriales de nos jours, nous n’en trouvons guère d’exemples dans la période triasique qui l’a précédée, non plus que pendant les périodes crétacée et tertiaire qui l’ont suivie, et l’on peut même dire que les données que nous possédons, sur la distribution et sur les produits des polypiers coralligènes des diverses époques géologiques, n’ont encore constaté, du moins avec certitude, dans aucune formation un développement aussi extraordinaire de roches exclusivement dues à l’action des polypes.

En effet, l’existence de bancs de coraux continus ou de groupes d’îles réunies sur 400 et 500 lieues de long, une largeur de 25 à 30, et une épaisseur connue de 90, 100 mètres et davantage, se présentant avec des caractères généraux toujours comparables du 33° lat. N. au 25° lat. S., sur un espace égal aux trois quarts de la circonférence de la terre, depuis l’île de Madagascar et les côtes voisines de l’Afrique jusqu’aux archipels de la Société, l’existence d’un pareil résultat, disons-nous, semble tenir à un concours de circonstances qui ne s’est pas nécessairement présenté à toutes les époques, mais