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de plus en plus irréguliers, variant à chaque modification des contours de ces terres. Or, de pareils changements apportés, dans la profondeur des eaux, l’élévation, les formes et l’étendue des terres, durent affecter les animaux qui peuplaient les premières, comme l’extension et les reliefs plus prononcés des secondes établirent à leur surface un régime nouveau et de nouvelles stations pour les animaux et les plantes. Ce régime produisit les eaux douces des lacs, des marais, des tourbières, les eaux saumâtres des caspiennes et des cours d’eau de plus en plus étendus. À ces nouvelles conditions de la vie ou habitats correspondirent des familles, des genres et des espèces d’animaux et de végétaux, organisés suivant des types particuliers en rapport avec ces mêmes conditions.

Il se forma des dépôts dont les caractères, également particuliers, étaient en relation avec ces causes. Ce furent des marnes, des calcaires lacustres accompagnés de silice, des dépôts sableux, argileux, limoneux, caillouteux, torrentiels ou d’eau. tranquille. Toutes ces modifications hydrographiques, topographiques et, par suite, météorologiques, durent manifester leur influence sur les caractères des faunes et des flores, modifications fort lentes sans doute de part et d’autre et néanmoins continues, si l’on en juge par leur comparaison attentive.

Hopkins[1], l’un des savants anglais qui se sont occupés avec le plus de talent des applications de la physique à la théorie de la terre, a pensé que si un affaissement du nord de l’Europe permettait au Gulf-stream de passer au nord de l’Asie, la Sibérie pourrait jouir d’un climat presque aussi tempéré que celui de l’Europe septentrionale, et il ajoute qu’il serait de nouveau possible que les Éléphants et les Rhinocéros vécussent là où leurs os et même leurs cadavres entiers gisent actuellement dans un sol glacé.

Mais les plaines de l’extrémité nord-est de l’Europe et de l’Asie, qui sont actuellement sous les neiges pendant plus de la

  1. London geol. Journ., vol. VIII, p. 24-55 ; 1852.