Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

branchus ne dépasse pas, dit M. Dana[1], un pouce et demi par an, et, comme leurs rameaux sont écartés, cela ne ferait pas plus de 1/2 pouce d’épaisseur de masse solide sur toute la surface couverte par le madrépore. Par suite de leur porosité même, cette quantité se réduit à 3/8 d’un pouce de matière compacte.. Il faut remarquer, en outre, que de grands espaces en sont dépourvus ; les sables provenant de la partie détruite des polypiers sont entraînés ou disséminés par les courants dans les grandes profondeurs où il n’y a pas de polypiers vivants, et la surface occupée par ceux-ci n’est pas de plus de 1/6 de toute la région coralligène, ce qui réduit les 3/8 précédents à 1/16. Les coquilles et les autres débris organiques peuvent entrer pour 1/4 dans la production totale par rapport aux polypiers ; de sorte que, tout considéré, l’accroissement moyen d’un récif ne doit pas dépasser annuellement 1/8 de pouce. Quelques récifs ayant jusqu’à 608 mètres d’épaisseur (2000 pieds), celle-ci, à raison de 1/8 de pouce ou 5 millimètres par an, aurait exigé, pour se former, un laps de 192000 ans.

À West-Key, au sud-ouest du cap méridional de la Floride, M. E. B. Hunt[2] a observé sur un fond de 3m,50 d’eau, qui avait été nettoyé en 1846, une Méandrine qui, dans l’espace de 11 années, avait atteint un rayon de 6 pouces ou 0m,15, et une forme sphérique, ce qui donnerait 6/11 de pouce par an. Si l’on évalue à 1/3 la porosité du polypier, on arrive à un accroissement de la masse solide de 4/11 de pouce, quantité presque égale à celle de 3/8 déduite ci-dessus. Une Oculine a crû à la même place, en 12 ans, de 9 pouces de haut sur 12 de large, ou 3/4 de pouce par an.
Profondeurs auxquelles vivent les polypiers.

Sur les côtes de l’île Maurice, le bord du récif est formé de Madrepora corymbosa et pocilifera, qui descendent jusqu’à 16 et 30 mètres avec deux espèces d’Astrées ; à la partie inférieure est le banc de Sériatopores (S. subulata affinis). De 30 à 40 mètres, le fond est de sable et couvert de Sériatopores ; à

  1. Manual of Geology, p. 591 ; 1863.
  2. Dana, loc. cit.., p. 752.