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comme ayant eu lieu à l’époque actuelle, dépassent cependant beaucoup en amplitude ceux qui ont été constatés avec une certaine précision.

Suivant MM. Webb et Berthelot[1], des oolithes aussi parfaitement caractérisées que celles des couches jurassiques de France et d’Angleterre se forment journellement sur les plages de la grande Canarie, de Ténériffe, de Fortaventura, de Lancerote, de Madère, etc., dans la partie exposée à l’action des vents alisés. Les débris de coquilles sont agglutinés par du carbonate de chaux. La roche, blanc-jaunâtre et compacte lorsqu’elle est uniquement formée de coquilles, devient très-poreuse lorsque, par l’action des vents, elle est mélangée de sable et de débris volcaniques. Elle est alors employée comme pierre à filtrer dans toutes les Canaries. Dans l’intérieur des terres, l’agglutination du sable enveloppe aussi des coquilles terrestres, et surtout l’Helix sarcostoma, mais la roche n’a plus alors aucun caractère oolithique.

Sur divers points des côtes de l’île de l’Ascension, M. Darwin[2] a remarqué d’immenses accumulations de débris de coquilles et de coraux blanc-jaunâtre mélangés de particules volcaniques. À quelques pieds de profondeur, ce sédiment moderne a déjà acquis assez de solidité pour être employé dans la bâtisse ; quelquefois même il se divise en feuillets de texture compacte et sonore sous le choc du marteau. Cette cimentation rapide, par du carbonate de chaux, s’opère d’une année à l’autre, et la pierre acquiert la densité du marbre. Les fragments de roche volcanique épars sur la plage s’encroûtent également de carbonate de chaux.

À l’ouest de Simons’town, au cap de. Bonne-Espérance, Clarke-Abel[3] décrit un ban considérable élevé de 30 mètres au-dessus de la mer, et composé de coquilles et de sables accumulés par les vents de S.-E.

  1. Hist. natur. des Canaries, vol. II, p. 365 ; 1839.
  2. Geological observations, etc., in-8o ; Londres, 1844.
  3. Voyage en Chine, p. 307.