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« D’un autre côté, en voyant la richesse des formes végétales dans certaines régions émergées et non dévastées depuis plusieurs époques géologiques, dans des pays même isolés ou presque isolés, comme la Nouvelle-Hollande et le Cap, on est tenté de croire à une évolution régulière de formes de plus en plus compliquées, sur chaque surface terrestre, indépendamment de ce qui arrive ailleurs. On penche encore plus vers ce système lorsqu’on voit, en zoologie, que les espèces éteintes d’une région ressemblent souvent aux espèces qui ont succédé dans la même région ; que, par exemple, la Nouvelle-Hollande se distinguait par des marsupiaux, et le Brésil par des Tapirs, rongeurs, singes, etc., dans les époques antérieures comme à la nôtre ; que les quadrumanes fossiles d’Amérique ont le système dentaire des quadrumanes actuels de cette partie du monde, et les quadrumanes fossiles d’Europe le système dentaire de ceux de l’ancien monde à l’époque actuelle. Enfin, la distribution de certains groupes dans une partie du monde seulement, comme les stylidiées à la Nouvelle-Hollande et pays voisins, les cactacées en Amérique, etc., et l’extension des groupes caractéristiques d’un continent sur des îles indépendantes, qui en deviennent en quelque sorte des annexes, à ce point de vue des genres ou des familles, comme les Gallapagos de l’Amérique, Sainte-Hélène de l’Afrique, tous ces phénomènes font présumer une loi d’évolution ou plutôt de créations locales, selon laquelle chaque flore ou faune dépendrait, jusqu’à un certain degré, de celle qui a précédé. Le lien entre les êtres organisés successifs d’une même partie du monde nous échappe, à nous qui repoussons l’idée d’une transformation d’une famille dans une autre, d’un genre dans un autre, même d’une espèce véritable dans une autre (p. 1093 et suivantes) ; mais l’étude des faits géographiques et paléontologiques nous ramène à l’idée d’un lien, c’est-à-dire d’un rapport de cause à effet entre les êtres organisés d’une époque dans une région et ceux qui ont suivi dans la même région, à moins que, par des circonstances locales, ils n’aient été importés de régions voisines.