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de ne pas sentir une influence mystérieuse, inexplicable, celle de la distribution première des classes, familles, genres, espèces, races, en un mot, des formes plus ou moins analogues, au moment de leur apparition. Chaque groupe a un centre géographique plus ou moins étendu ; chaque terre, excepté de petites îles dont les végétaux paraissent avoir été détruits par des volcans et des régions qui sont sorties récemment de la mer, présente des formes caractéristiques. Nous ne pouvons nullement nous figurer un état de choses dans lequel chaque groupe aurait été réduit à un seul individu, et alors même la situation première de l’individu aurait entraîné d’immenses conséquences au travers des époques géologiques. Qu’on examine uni pays ou un autre, une époque ou une autre, ce sont toujours des milliards de végétaux plus ou moins différents qui s’offrent à nos yeux ou à notre imagination, et ils sont groupés géographiquement, comme ils le sont au point de vue de leurs formes et de leurs qualités physiologiques.

« En s’exprimant ainsi, j’en conviens, on raconte des faits ; on n’essaye aucune explication, même hypothétique. Ce n’est pas une manière d’avancer. Mais, du moment où l’on veut scruter. les circonstances particulières de chaque groupe et de chaque contrée, on se voit relancé dans un champ par trop indéfini d’hypothèses.

« Les groupes naturels se sont-ils succédé dans un ordre déterminé, soit dans le monde en général, soit pour chaque pays ? c’est-à-dire, dans la série des milliers de siècles déjà écoulés depuis la création de végétaux, les plantes phanérogames sont-elles venues après les cryptogames, les dicotylédones après les monocotylédones, les composées après d’autres familles, etc. ? Cette évolution a-t-elle eu lieu simultanément dans tous les pays, ou sur chaque terre, après une certaine durée de ses espèces ? Telles sont les immenses questions qu’il est aisé de soulever et impossible de résoudre dans l’état actuel des connaissances. Le peu de données que l’on possède contribue souvent à vous faire flotter d’une hypothèse