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du fait, il ne reste plus qu’à supposer que les êtres créés les plus inférieurs, qui ont le moins de besoins, ont ici des organes spéciaux pour remplir des fonctions spéciales, et que les plus humbles rhizopodes, les plus modestes polycistinées peuvent digérer, sécréter, rejeter et penser par dessus le marché, car pour toutes choses on peut alléguer le contraire. »

L’auteur, marchant ensuite sur les traces de M. Darwin, trouve que les animaux qui présentent des rudiments des organes de la vision ont du vivre d’abord dans des milieux plus éclairés que ceux où on les trouve actuellement, et que ces organes se sont modifiés en s’accommodant aux nouvelles conditions environnantes. Les Ophiocomes des plus grandes profondeurs de l’Atlantique du Nord sont ainsi semblables à l’O. granulata des eaux peu profondes, sans présenter cependant la marque ou tache oculaire des Astéries et des Solastéries. En outre, des crustacés, revêtus de vives couleurs, ont été ramenés de 2550 mètres, par M. Torell[1]. L’espèce n’a point été déterminée ; on peut seulement présumer qu’elle est pourvue d’yeux.

On pensait aussi que l’absence des couleurs vives sur les animaux résultait de la diminution de la lumière, mais M. Wallich, qui semble avoir le privilège d’observer beaucoup mieux que ses devanciers, a des motifs pour croire que, bien que l’intensité de la lumière puisse, réellement, produire la vivacité des teintes, son absence n’entraîne pas leur disparition ni même leur atténuation. Les Astéries ramenées de 2500 mètres présentaient, en effet, d’aussi brillantes couleurs que si elles avaient vécu dans les eaux peu profondes des zones tempérées, tandis que des individus des mêmes espèces, dragués de 182 à 364 mètres dans les fiords du Groenland occidental, offraient des teintes sombres.

(P. 134.) De ces faits et d’autres qu’il rapporte, l’auteur se

  1. The Alhenæum, 7 déc. 1861. — Le rapport officiel de cette expédition scientifique suédoise au Spitzberg ne semble pas avoir encore été publié.