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prouvent que ces organismes n’étaient pas morts depuis longtemps, sans cependant qu’on puisse être certain qu’ils aient vécu à ces profondeurs. Les mêmes infusoires s’observent dans le : golfe du Mexique, au fond du Gulf-stream, sur les côtes de la Caroline et sur les fonds des côtes de l’Islande. Tout porte à croire que ces profondeurs sont des régions tranquilles que n’atteignent pas les agitations causées par les tempêtes de la surface.

Une des applications les plus remarquables de la physique aux relations sociales est aussi venue fournir, d’une manière inattendue, des renseignements sur la profondeur à laquelle peuvent vivre certains animaux marins. Une partie du câble électrique, descendu dans la Méditerranée entre Cagliari et la côte d’Afrique, vint à se rompre après avoir séjourné deux ans à une profondeur de 2000 à 2800 mètres. Des fragments ayant été retirés furent trouvés recouverts de corps étrangers et d’animaux qui avaient vécu à sa surface et y étaient encore attachés à sa sortie de l’eau.

M. Alph. Milne Edwards[1], qui les examina avec soin, y reconnut l’Ostrea cochlear, que l’on savait déjà vivre à 100 et. 150 mètres de profondeur, puis un petit Peigne, variété du P. opercularis, commun dans la Méditerranée, et qui était orné de vives couleurs, le P. Testæ, très-rare, un Monodonta limbata et un Fusus lamellosus renfermant encore les parties molles de l’animal. Les Polypiers trouvés sur le même fragment de câble étaient un Caryophyllia arcuata, qui est fossile dans les marnes subapennines, une autre espèce, le Garyophyllia electrica, plus commune, à ce qu’il paraît, à ces profondeurs, avec un troisième turbinolien, le Thalassiotrochus telegraphicus. Il y avait encore des fragments de bryozoaires, de Gorgone et des tubes calcaires de Serpules. La plupart de ces espèces, ramenées vivantes de 2000 à 2800 mètres et à habitudes sédentaires, appartiennent les unes à des espèces regardées comme très rares, les autres à des formes nouvelles ; enfin plusieurs sont fossiles dans les dépôts tertiaires supérieurs.

  1. Ann. des sc. natur., 4e sér., vol. XV, n° 3, 1861.