Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combinées d’une manière plus ou moins arbitraire ou naturelle, suivant l’exactitude des données que l’on possédait et le point de vue particulier de chaque naturaliste. À l’exception d’Ed. Forbes, de Löven, de Mac-Andrew et d’un petit nombre d’autres, on n’avait étudié que des régions assez restreintes, sans principe fondamental et surtout sans vues générales présidant à la coordination et à l’arrangement systématique de tous les matériaux. Nous avons à exposer actuellement des recherches originales embrassant l’ensemble des mers, parfaitement applicables au sujet qui nous occupe et pouvant jeter un plus grand jour encore sur les causes de la diversité des organismes qu’elles renferment.
Exposition et définitions.

M. J. D. Dana[1], savant américain qui a parcouru comme géologue et zoologiste la plupart des mers du globe avec l’expédition scientifique du capitaine Wilkes, a cherché à se rendre compte de la distribution géographique des animaux marins, non par la considération des lignes d’égale température moyenne de l’année entière, ou bien de celles de l’été et de l’hiver, mais par celle des lignes d’égal froid extrême qu’il nomme isocrymes, lignes indiquant la température moyenne des 30 jours consécutifs les plus froids de l’année et qui est nécessairement inférieure à la moyenne de l’hiver ou ligne isochimène. Ainsi la ligne isocryme de 20°, par exemple (voyez la planche 2 ci-après), passe par tous les points de l’océan dont la moyenne de l’extrême froid ne s’abaisse pas au-dessous de +20". Nous prenons celle-ci pour exemple, parce que c’est, de toutes les lignes de cette sorte que l’on peut tracer à la surface des mers, la plus remarquable par son rapport direct avec la distribution d’une classe entière d’organismes marins. Ces lignes sont préférables aux lignes isothères ou d’égal été, parce que, dit M. Dana, la limite de répartition des espèces au nord et au sud de l’équateur est causée par le froid de l’hiver plutôt que par la chaleur de l’été, ou encore par la

  1. On an isothermal oceanic chart (Amer. Journ. of science, de Silliman, 2e sér., vol. XVI, 1855).