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le carbone fixé dans les couches de la terre sous forme de houille et de lignite devait être moindre que celui de l’atmosphère. Mais, d’un autre côté, M. Bischof évalue déjà celui que contient le bassin houiller de Saarbruck à 1/41 de celui de l’atmosphère[1]. M. Rogers estime que celui de tous les bassins houillers du globe est six fois plus considérable que la masse actuelle, ou formerait 0,0036 de l’atmosphère. Mais on conçoit que ces données ne peuvent être que très-vagues encore, lorsqu’on songe combien sont incomplètes nos connaissances sur l’épaisseur, le nombre et l’étendue superficielle des couches de combustibles enfouies dans les terrains de sédiment des diverses époques.

On sait que M. Ad. Brongniart, qui, dès 1828, avait émis le premier sur ce sujet des vues très-justes, évaluait à 0,05 ou 0,08 la proportion d’acide carbonique contenue dans l’air à l’époque houillère ; plus récemment, M. Bischof s’est arrêté à la proportion de 0,06[2].

Le carbone contenu dans les minéraux et les végétaux vivants n’augmenterait pas sensiblement celui de l’atmosphère s’il y était disséminé ; mais, suivant encore M. Bischof, celui qui entre dans la composition de tous les calcaires serait 36 fois aussi considérable que l’atmosphère entière. Aussi Bronn en fait-il abstraction, parce que les phénomènes de la vie paraissant s’être manifestés presque au moment où les eaux ont persisté à la surface, ils auraient été impossibles, dans l’état

    d’abord à 4/1000 par Thégard en 1812, a été plus récemment, admise par MM. Dumas et Boussingault comme variant entre 4 et 6 dix-millièmes.

  1. On a fait divers calculs sur la quantité d’acide carbonique fournie à la végétation. D’après la quantité actuelle contenue dans l’atmosphère et l’activité de la végétation de nos forêts, certaines couches de houille exigeraient un laps de 500,000 ans, et toute la période houillère aurait demandé un laps de temps de 9 millions d’années (K. Müller, les Merveilles du Monde végétal). On a vu (anté, vol. I, p. 326) qu’un hectare de haute futaie de 100 ans réduit à l’état de bouille ne produirait qu’une couche de 15 millimètres d’épaisseur.
  2. Lehrb. der chemisch. und phys. Geologie, vol. I, II, p. 101 et passim.