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les Venus ; etc. Dans toutes les mers, une grande quantité de coquilles habitent les vases sableuses ou boueuses, mais il y a, en avant de la plupart des ligues de côtes, une bande de sable pur, comprise dans le mouvement des marées, qui, après un certain temps, est entraînée de nouveau et que l’on peut appeler la zone de sable du drift. Cette zone est, on le conçoit, très-défavorable au développement de la vie marine, et l’on n’y trouve que des fragments de coquilles provenant des autres zones. M. Austen a pu draguer l’espace de 30 milles sur une côte semblable sans rencontrer un seul être vivant.

Les Scrobicularia, les Neæra, les Isocardia se plaisent dans les boues profondes. Mais les plages de cailloux, qui vers le bas passent à des sables mobiles, ne sont pas favorables à la vie animale. Plus au large, et sur les points où les bancs de Peignes sont établis, il y a ordinairement une faune de mollusques plus riche, plus variée, ainsi que des Ophiures.

Les roches qui s’élèvent brusquement des eaux profondes ne peuvent être parcourues par la drague non plus que les fonds rocheux, mais la quantité de coquilles mortes trouvées dans le voisinage montre que les conditions de ces surfaces favorisent le développement de la vie marine. Les gastéropodes y abondent ainsi que les bryozoaires branchus.
Distribution comparative des mollusques dans les mers d’Europe.

Les coquilles bivalves ont une plus grande extension ou distribution que les gastéropodes, mais les proportions relatives de ces deux divisions des mollusques dépendent, pour chaque faune locale en particulier, de la nature de la côte. La grande disproportion qu’on observe entre eux sur les côtes rocheuses des îles Canaries, par exemple, tiendrait à cette cause. Les gastéropodes rampants y sont très-abondants, tandis que la plupart des bivalves sont des espèces fixées d’Huîtres, de Spondyles, de Chames, etc.

Dans la mer du Nord, depuis le Firth de Murray jusqu’aux fiords de la Norwége méridionale, s’il arrivait que les dépôts actuels fussent émergés, on verrait, sur une étendue de plus de 120 lieues, une association de coquilles spécifiquement identiques. Le long des côtes qui circonscrivent le bassin arctique, il y a aussi, dans le nord de l’ancien comme du nouveau continent,