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rendre compte de leur présence par aucune circonstance en rapport avec la disposition actuelle des courants ou tout autre mode de transport. On trouve de ces réunions particulièrement dans le voisinage de la Clyde, autour des Hébrides et sur la côte orientale du Firth de Murray. Il est probable qu’il y en a d’autres près de Nymph-Bank, sur la cote sud-est de l’Irlande et dans la mer d’Allemagne. Ces lambeaux isolés sont ordinairement situés dans une dépression profonde de 145 à 182 mètres et davantage, constituant des associations de mollusques plus septentrionaux que la région au milieu de laquelle ils se trouvent compris (Cemorin noachina, Trichotropis borealis, Natica groenlandica, Astarte elliptica, Nucula pygmæa, Terebratula copinserpentis, Crunia norwegica, Emarginula crassa, Lottia fulva, Pecten danicus, Neræa cuspidata, N. costata, N. abbreviata).

Ed. Forbes a essayé d’expliquer ces particularités en supposant que le lit de la mer, lorsque la faune générale avait un caractère plus septentrional que de nos jours sous cette même latitude, fut soulevé et qu’alors des portions les plus profondes où vivaient certaines formes particulières restèrent submergées. Une partie de l’ancienne faune aura été détruite, et les espèces qui pouvaient supporter des modifications dans leur extension verticale auront continué à vivre, tandis qu’une nouvelle faune sera venue peupler les parties les moins profondes après le soulèvement. Ces circonstances ont dû produire par places le mélange des deux faunes, comme l’a constaté M. Jeffreys. Sur le Turbo-Bank de la côte d’Antrim, par 45 mètres de profondeur, on a rencontré 21 espèces de coquilles arctiques, boréales, celtiques et lusitaniennes, toutes mélangées et vivant ensemble. On conçoit d’ailleurs que des modifications dans la direction des courants marins, dans le relief des continents voisins et bien d’autres causes peuvent ne pas se faire sentir à de grandes profondeurs et à une certaine distance des côtes, et par conséquent ne pas influer sur les populations qui les habitent, tandis qu’elles réagissent sur celles de leur voisinage immédiat. L’étude des terrains nous offrira souvent des effets semblables.