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qui se prolongent aussi bas que la ligne des pêcheurs peut atteindre.

La limite inférieure de la vie animale dans ces mers n’était pas encore déterminée lors des recherches de M. Löven ; et, quant à celle des végétaux, elle se trouverait beaucoup au-dessus des régions les plus profondes où les animaux sont connus. Comme on pouvait le prévoir, les mollusques zoophages prédominent dans les régions inférieures et les phytophages dans les supérieures. L’observation de Forbes, que les espèces des mers Britanniques ne se trouvent dans la Méditerranée qu’à de plus grandes profondeurs, a été confirmée pour les côtes de Norwége. Ainsi les espèces trouvées entre Gothenbourg et la Norwége, à 146 mètres de profondeur, existent au nord sur la côte, du Finmark à 36 mètres seulement, et quelques-unes même deviennent tout à fait littorales.
Loi générale de la distribution des espèces dans l’espace et le temps.

Relativement à la plus générale des conclusions émises par MM. Forbes et Löven, savoir, que plus une espèce parcourt de régions verticales, ou, en d’autres termes, plus elle vit à des profondeurs différentes sur le même littoral, plus aussi elle se propage sur de plus grandes étendues en surface, nous avons fait remarquer dès qu’elle nous a été connue, c’est-à-dire en 1845, l’année d’après sa publication, qu’elle n’était qu’une conséquence nécessaire et naturelle de l’une des propositions que nous avons déduites en 1842, avec M. de Verneuil, de nos études sur la faune du terrain de transition. « Si l’on considère, disions-nous, le développement de l’organisme de ces périodes anciennes dans le sens horizontal, géographiquement ou dans l’espace, on reconnaît que les espèces qui se trouvent à la fois sur un grand nombre de points et dans des pays très-éloignés les uns des autres sont presque toujours celles qui ont vécu pendant la formation de plusieurs systèmes successifs[1].

Les naturalistes dont nous venons de parler ne considéraient, à la vérité, que les animaux marins vivant dans le même moment

  1. Bull. Soc. géol. de France, vol. XIII, p. 260 ; 1842. — Transact. Geo. Soc. of London, vol. VI, p. 335 ; 1842.