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géologues et des paléontologistes, une très-grande partie, il serait hasardé d’indiquer ici la proportion, échappera toujours à leurs investigations. D’abord il n’y a qu’une faible portion des couches sédimentaires qui soit accessible à leur examen : ce sont leurs affleurements à la surface du sol, soit naturels, soit artificiels, tout le reste se trouvant masqué à des profondeurs plus ou moins grandes ; ensuite, même dans les parties les plus accessibles, nous ne pouvons espérer de retrouver que des traces rares et à peine distinctes d’une multitude d’animaux qui n’avaient aucune partie solide au dedans ni au dehors. Les infusoires sans carapace, les mollusques, les polypes nus, les acalèphes, les radiaires sans test, les vers intestinaux, les annélides arénicoles, les Holoturies, l’immense majorité des insectes n’ont pu arriver jusqu’à nous que dans quelques circonstances tout à fait exceptionnelles et qui ne nous donneront jamais aucune idée de leur développement réel.

Pour les végétaux, les plantes herbacées, monocotylédones ou dicotylédones, n’ont eu aussi que des chances de conservation bien faibles, eu égard au nombre des espèces qui ont existé, et si, pour nous en rendre compte, nous cherchons dans les dépôts modernes ce qu’il y a de plantes et de restes d’animaux plus ou moins conservés et encore reconnaissables, relativement au nombre des espèces vivantes, nous verrons combien se trouverait réduit le tableau de la flore et de la faune de nos jours. Ce mode d’appréciation comparative est cependant le seul que nous offre la géologie.

Mais de ce que nous ne pouvons reconstruire un tableau complet du passé il ne s’ensuit nullement que nous devions renoncer à nous en rapprocher de plus en plus, et rien n’est plus propre à nous encourager dans la continuation de ces recherches que l’immensité des matériaux accumulés depuis, trente ans autour de nous.