Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quant à leurs habitudes prouvent dans toute cette faune une tendance au noctambulisme.

« Tous les mammifères, continue M. Pucheran[1], sont à divers degrés voués à la vie nocturne, et le caractère général de cette faune montre combien sont susceptibles de variations, suivant les lieux qu’elle habite, les traits d’ensemble qui la particularisent, et combien doit varier également la cause, soit initiale, soit secondaire, à laquelle on doit en attribuer la manifestation. Cette cause pour les mammifères de Madagascar est essentiellement mystérieuse, car il est impossible de l’attribuer aux grandes forêts qui couvrent le sol de cette île. Une semblable conclusion entraînerait en effet à supposer que ces mammifères, qui d’abord n’avaient pas une vue aussi délicate, l’auraient acquise par l’habitude de vivre dans un milieu recouvert d’ombrages impénétrables aux rayons solaires. Or le développement des arbres étant sans doute plus lent que celui des animaux, une pareille supposition entraînerait celle de l’action de causes secondaires qu’aucune observation physiologique ne confirme. »

Quoi qu’il en soit, l’auteur ne pense pas que les conditions climatologiques du pays exercent une influence réelle sur ces résultats, car autrement on ne concevrait pas l’absence de ces caractères dans la faune de la côte opposée de l’Afrique. Il doit y avoir en effet, entre les températures de ces deux contrées, beaucoup plus d’analogie que n’en montrent leurs populations de mammifères.

Quant aux reptiles, plusieurs espèces ou genres remarquables s’y trouvent aussi exclusivement et aux îles Mascaraignes. Telles sont, dit M. Duméril[2], les Tortues terrestres du genre Pyxide et la Tortue rayonnée, des Couleuvres arboricoles fort étranges, les Langsha et les Caméléons les plus bizarres, soit par l’énorme développement de leur casque, soit par des prolongements plus ou moins considérables du museau. Ils y forment

  1. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, vol. XI, p. 192.
  2. Annuaire scientif., etc., p. 236.