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Ce n’est point, on le conçoit, résoudre la question, c’est l’éluder. Quoique le savant professeur ait procédé avec beaucoup d’attention dans l’énumération des faits, qu’il ait comparé avec infiniment de soin les divers horizons partout où ils ont été signalés, il n’en doit pas moins résulter pour les élèves, auxquels le livre est naturellement destiné, les plus grandes difficultés à suivre la description de chaque sujet qui change de nom en passant d’une région dans une autre. Le géologue instruit lira sans doute l’ouvrage de M. Naumann avec beaucoup d’intérêt et de fruit, mais cela ne suffit pas ; un traité à une autre mission qu’il ne peut accomplir qu’à la condition d’être simple et clair dans son style, méthodique et naturel dans l’arrangement des idées et des faits[1].

    l’Histoire des progrès de la géologie ; mais, outre que cela nous est arrivé très-rarement, notre excuse se trouvait dans le but et la nature même de notre travail.

  1. Remarquons en passant que la plupart des traités de géologie sont rédigés sous deux influences qui n’ont rien d’éclectique et qui les rendent généralement inférieurs à ceux des autres sciences. Ils sont écrits suivant les idées ou la direction particulière des études de l’auteur, puis d’après les caractères géologiques dominant des pays où ils sont publiés. C’est ainsi qu’un traité de géologie italien, suisse, allemand, belge, français, espagnol, anglais ou américain portera l’empreinte du pays où il est né, et cela au détriment de la science des autres parties du globe ; il est destiné à l’usage de telle ou telle localité et à répandre les opinions ou les découvertes personnelles de l’auteur et de ses amis. Nous pourrions citer bon nombre d’exemples de ces soi-disant Traités, Manuels, etc., où ce petit système est poussé jusqu’à ses dernières limites, où la surface de la terre est absorbée dans la description sommaire de quelques centaines de myriamètres carrés et où la science des géologues des cinq parties du monde se trouve concentrée dans une seule tète, celle de l’auteur. Nous ajouterons, pour ne pas cesser d’être juste, que, relativement aux Traités de géologie et eu égard à l’état général de la science, la France est aujourd’hui au-dessous de ce qu’elle était il y a vingt-cinq et trente ans, et qu’elle est fort en arrière de ce qui a été publié dans ces derniers temps en Allemagne, en Angleterre et en Amérique.

    Il va sans dire qu’il n’est point ici question de ces productions hybrides, si nombreuses de nos jours, dont les auteurs, sans avoir fait aucune étude pratique sérieuse des sciences dont ils parlent, montrent néanmoins une assurance qui impose aux lecteurs peu instruits sur ces matières et répandent ainsi des idées fausses, souvent contradictoires ou incomplètes.