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superposées les unes aux autres. Ces roches sont l’image matérielle, non pas des siècles, ce qui serait trop peu, mais des périodes d’un nombre de siècles variable et indéterminé. Les divisions que nous pourrons établir, d’après leurs divers caractères, dans ces roches ou couches ainsi superposées, représenteront les divisions du temps, en unités et fractions d’inégale valeur, suivant que nous le jugerons nécessaire. La classification consistera alors à nous offrir, suivant leur ordre d’ancienneté, les phénomènes de diverses sortes dont ces roches nous conservent les traces ou qu’elles expriment elles-mêmes et dont l’ensemble peut constituer ainsi un véritable chronomètre de la terre. Nous n’aurons sans doute jamais, par ce moyen, l’expression absolue du temps, mais nous en aurons une représentation relative et figurée très-suffisante pour les besoins de la science.

Au premier abord, l’application de cette idée semble assez difficile, et, en effet, les Anciens ne paraissent pas l’avoir nettement comprise. Nous savons seulement que les prêtres de Memphis, en observant le mode de formation du limon de la vallée du Nil, concevaient qu’une partie de la terre avait été déposée de cette manière. Les philosophes grecs admettaient bien aussi, comme on l’a vu, la formation des couches anciennes au fond de la mer, mais l’idée de temps ne pouvait être appliquée à celles-ci ; le sol de la Grèce, de l’Asie Mineure, de l’Italie était peu propre à les éclairer à cet égard.

Il fallait, pour être mis sur la voie, étudier attentivement et d’une manière continue le sol sur lequel nous marchons, comparer, sur une assez grande étendue de pays, les résultats de cette étude, c’est-à-dire constater que la partie de l’écorce terrestre accessible à nos regards se compose d’un certain nombre de couches pierreuses, de diverses sortes, plus ou moins solides, superposées dans un ordre déterminé. Ce fait reconnu, il s’ensuivait que ces couches avaient été formées les unes après les autres, et que les plus anciennes devaient être celles qui étaient placées le plus profondément. Toute la science était là, et nous avons vu, dans la Première partie du Cours, combien