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d’aïeux répandus sur une surface plus ou moins considérable, et qui n’étaient peut-être pas tout à fait contemporains, au moins dans leurs diverses variétés. En outre, si chaque espèce n’était sortie que d’une seule paire, il aurait fallu, surtout dans les organismes élevés, un temps énorme pour qu’elle se propageât sur les divers points de la terre où nous la trouvons aujourd’hui. On verrait toutes les espèces, d’abord très-rares, se développer successivement, pendant une longue série de couches, tandis que, dans le plus grand nombre des cas, chaque espèce offre beaucoup d’individus dès sa première apparition. Tel ou tel horizon géologique ne serait pas caractérisé par l’abondance de telle ou telle espèce, qui ne se montre ni avant ni après ; il y aurait pour chacune un développement graduel qui s’observe quelquefois, mais qui certainement ne constitue pas la règle. Les espèces qui se montrent d’ailleurs à des niveaux un peu différents offrent quelques variations dans leurs caractères.

Plusieurs naturalistes, entre autres, J. B. Brocchi[1], MM. Lyell et M. de Meyer, pour expliquer la disparition des espèces, sans avoir recours à ces révolutions imaginaires dont on a tant abusé, ont supposé que chaque espèce avait, comme chaque individu, une certaine somme de temps ou de durée qu’elle pouvait atteindre, mais non dépasser. Elle aurait eu ainsi une phase de développement, d’âge mûr et de vieillesse, après laquelle elle eût été fatalement condamnée à périr. C’est une hypothèse contre laquelle s’élevait Éd. Forbes, qui ne pouvait pas admettre que la vie de l’individu eût aucune analogie avec la durée de l’espèce, la durée moyenne de la première étant déterminée par une loi interne, tandis que celle de la seconde peut se continuer tant que les circonstances extérieures lui conviennent. Cette manière de voir subordonnait ainsi tout à ces dernières, sans supposer aucune loi générale inhérente à l’organisme lui-même.

  1. Voy. antè, 1re partie, p. 50.