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174 espèces que l’on comptait en 1859 dans ce que l’on a appelé la faune primordiale, tant en Europe que dans l’Amérique du Nord, il y avait 122 espèces de crustacés appartenant à 18 genres dont 2 seulement remontaient plus haut, et l’espèce aussi s’était continuée au delà des limites de cette même faune, dans laquelle se montraient en outre 18 espèces de brachiopodes. Nous ne trouvons donc encore dans la nature aucune preuve directe de l’hypothèse. La force qui a produit ces premiers organismes semble, à la vérité, s’être accrue et développée de plus en plus dans certaines directions ; mais il ne s’ensuit nullement qu’il y ait eu transformation des anciennes espèces dans les nouvelles, et celles-ci ont dû naître, comme celles-là, sans une intervention directe et nécessaire de leurs prédécesseurs.
Succession des êtres organisés.

Maintenant la succession des diverses formes animales et végétales indique une marche constante et un plan uniforme qui ne peuvent être l’effet du hasard. Chaque espèce n’a qu’une durée temporaire ; elle disparaît après avoir vécu plus ou moins longtemps dans un espace plus ou moins étendu, cédant ainsi la place à une ou à plusieurs autres dont l’organisation est souvent plus compliquée.

Les êtres contemporains, qui constituaient la faune et la flore à un moment donné de la vie de la terre, offraient un ensemble dont toutes les parties étaient solidaires les unes des autres comme de nos jours. Ceci est évident lorsqu’on considère ces faunes, non pas en un point, mais en masse, sous le rapport de leurs fonctions, de leur manière de vivre, de se nourrir, de leurs influences réciproques et de leurs relations sociales, s’il est permis de s’exprimer ainsi.

L’apparition et la disparition des êtres ont dû par conséquent suivre une loi constante pour que ces rapports ne fussent pas rompus, pour que l’équilibre ne fût pas troublé. Les animaux herbivores, en relation nécessaire avec les caractères de la flore et les animaux carnassiers auxquels ils servaient de pâture, ont dû suivre dans les diverses classes une marche parallèle de remplacement. Les grands animaux, comme les petits, ceux dont les conditions de la vie sont si précaires et dont le mode de reproduction