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l’on voit se dérouler, quoique incomplètement sans doute, ces innombrables faunes et flores qui ont peuplé la surface de la terre depuis son origine, on arrive à distinguer la perpétuité de l’espèce de sa fixité, à admettre celle-ci, tout en rejetant celle-là. Peut-être quelques naturalistes ne se sont-ils pas encore bien rendu compte de la nécessité de cette distinction, mais elle est la conséquence rigoureuse de nos connaissances et paléontologiques. D’ailleurs on conçoit que des personnes qui depuis longtemps professent des opinions contraires, lesquelles paraissaient fondées lors de leurs premières études, ne soient pas encore bien pénétrées de cette vérité ; les livres sont souvent comme les lois ; ils n’ont pas d’effet rétroactif. Pour nous la création des espèces a été successive, continue ou à très-peu près, indépendante en général des phénomènes physiques ou dynamiques locaux, toujours plus ou moins limités dans leurs effets, et il en a été de même de leur extinction ou de leur disparition. Peut-être demandera-t-on comment elle sont fini et pourquoi elles ont fini ? Questions absolument les mêmes que celles-ci : comment ont-elles commencé et pourquoi ont-elles commencé ? Or, nous l’avons déjà dit, nous ne sommes point dans le secret de la création, et nous n’avons pas plus la prétention de répondre aux deux premières questions que les partisans de la perpétuité et ceux de la diversification des types n’auraient celle de répondre aux deux secondes. Nous nous bornons à constater les faits, à les comparer, à montrer l’harmonie de leur ensemble dans la suite des temps, et cela nous suffit pour en déduire que ce que nous voyons est le résultat d’une loi à laquelle la nature organique a obéi de tout temps, sans qu’il soit nécessaire de nous préoccuper de la raison même de cette loi.

Nous nous appuierons ici d’un exemple qui semble répondre à la fois aux personnes qui nient la fixité de l’espèce, à celles qui nient les créations et les extinctions successives, enfin à celles qui croient à sa perpétuité indéfinie.

Cette preuve, pour avoir toute sa valeur, devait satisfaire à beaucoup de conditions. Il fallait, en effet, qu’elle fût prise