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a formulé un thème sur lequel brodent à l’envi, depuis plus d’un siècle, les partisans plus ou moins savants de la variabilité. Plusieurs d’entre eux ont renié cette parenté, mais évidemment par un amour-propre mal placé ; l’auteur de Telliamed était un homme de beaucoup d’esprit, de bon sens et, sur plusieurs points, fort instruit pour son temps[1]. M. Darwin n’est que le dernier de ses descendants élus en ligne directe.

Ainsi, des deux hypothèses qui viennent de nous occuper, l’une a pour elle les faits passés et présents, à la condition que la force créatrice agisse sans cesse, ou à des intervalles très-rapprochés ; l’autre n’a en sa faveur que des faits plus ou moins contestables, mais elle a l’avantage de supposer un enchaînement de modifications qui n’exigent point de créations incessantes ou renouvelées ; l’une réclame un pouvoir toujours présidant à l’ensemble des produits de la vie ; l’autre peut s’en passer, en supposant une impulsion une fois donnée ; les circonstances font le reste. Or, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’y a aucun inconvénient à adopter la théorie de la fixité de l’espèce, sans préjuger ce que l’avenir pourra nous révéler ; il y en aurait au contraire à suivre un des partisans quelconque de la variabilité ; ce serait, suivant nous, s’engager dans un labyrinthe encore sans issue.


§ 3. De la non perpétuité de l’espèce.


L’idée de la perpétuité de l’espèce est fondée sur l’étude de la nature actuelle, et, en restreignant la question au court espace de l’existence de l’humanité, il devait en être ainsi. Mais, lorsqu’on étudie comparativement la série des êtres organisés en remontant jusqu’aux premières manifestations de la vie et que

  1. M. Flourens a très-bien compris le caractère de plaisanterie que de Maillet avait donné à son idée. (Ontologie nturelle, p. 22, 1861.)