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confirment pleinement cette dernière hypothèse. La théorie de la fixité de l’espèce a donc pour elle l’observation du présent et les documents du passé. La simplicité de l’idée de création et d’extinction, qui d’ailleurs est depuis longtemps dans les esprits, n’a pas besoin de longues démonstrations ; aussi a-t-on écrit peu de volumes pour l’appuyer.

Les partisans de la variabilité de l’espèce ou de sa mutabilité peuvent être regardes eux-mêmes comme les premiers exemples à l’appui de l’idée qu’ils soutiennent, car beaucoup d’entre eux ont commencé par croire à la fixité. Leurs études ultérieures les ont fait changer de camp, non pour se réunir en un groupe compacte, homogène, ralliés autour d’une pensée nettement formulée, mais au contraire pour nous offrir la plus complète diversité, la plus extrême anarchie dans la manière de comprendre la variabilité elle-même. Nous ne voyons pas deux naturalistes de ce parti qui soient d’accord sur les limites des variations, sur leurs causes ou leur origine naturelle, et par conséquent sur l’origine de l’espèce elle-même, ou du moins n’en conviennent-ils pas. En réalité, la divergence existe surtout dans la forme, dans l’apparence, dans l’entière franchise ou dans la réserve prudente de l’opinion de chacun, ’ car il faut reconnaître que Robinet, Bonnet, de Lamarck, les deux Geoffroy Saint-Hilaire, comme M. Darwin et leurs imitateurs, arrivent, quoique par des voies différentes, absolument au même résultat.

Ces diverses interprétations de la variabilité de l’espèce conduisent toutes fatalement à un même point d’arrivée, à un même principe fondamental. Cette théorie, ou mieux cette hypothèse, pour être conséquente et logique, est comme une pente sur laquelle on ne peut s’arrêter dès qu’on a commencé à la descendre ; bon gré, mal gré, il faut arriver au bas et accepter pour ancêtre, pour premier père commun, l’ami de Cyrano de Bergerac, qui a porté hardiment du premier coup, à sa plus extrême limite, l’idée de la transformation des êtres. En la présentant sous la forme d’une plaisanterie, dont il ne soupçonnait sans doute guère le succès futur, de Maillet