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sur certaines idées et sur certains genres d’observations qu’il affectionne, ce qui nous a obligé d’y revenir fréquemment aussi. Nous n’attendons donc rien de plus de la publication de ses manuscrits, quant à la démonstration de son hypothèse. Pour nous, toujours disposé à accueillir la vérité, de quelque part qu’elle vienne, nous ne pouvons l’apercevoir encore dans ce travail, malgré ses mérites divers. Le principe sur lequel on le fait reposer d’un bout à l’autre est une abstraction qui n’est pas la conséquence directe d’une suite d’observations positives ; il ne s’appuie sur aucun ensemble de faits démontrés par l’étude comparative du présent ni du passé ; c’est une simple hypothèse entourée d’innombrables raisonnements, de citations et de suppositions non moins multipliées, mais qui ne suffisent pas pour en dissimuler la faiblesse.

Nous avons dit, en dernier lieu, que le point de départ de la théorie manquait de précision, que plusieurs parties essentielles n’avaient pas été développées ni même indiquées, et que les conséquences dernières avaient été éludées. Cette prétendue théorie ne répond point aux données de la science actuelle et elle attend de l’avenir une démonstration que rien ne laisse encore entrevoir. Elle se fonde sur des faits contestables parce qu’ils sont pris en dehors de la marche naturelle des choses, et que les conséquences en peuvent toujours être niées. En un mot, le livre de l’Origine des Espèces, dont la pensée dernière renferme implicitement la théorie de Lamarck, nous semble fort inférieur, comme conception, comme méthode, comme clarté et comme franchise de vue, à la Philosophie zoologique[1].

  1. M. de Quatrefages formule connue il suit son opinion à ce sujet : « M. Darwin, dit-il, a ainsi confondu ensemble, dans sa théorie, les idées de Lamarck sur la variabilité des espèces et celles de Buffon sur les causes de leurs variations, tout en faisant de sa théorie des applications qui rappellent les doctrines de Geoffroy. Le naturaliste anglais a d’ailleurs poussé les unes et les autres bien au delà de tout ce qu’avaient admis ses devanciers français. » (Unité de l’espèce humaine, p. 50, 1861.)