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interrompue, et que, par conséquent, jamais aucun cataclysme n’a désolé le monde entier. Nous pouvons aussi en conclure avec confiance qu’il nous est permis de compter sur un avenir d’une incalculable longueur. Et comme l’élection naturelle agit seulement pour le bien de chaque individu, tout don physique ou intellectuel tendra à progresser vers la perfection. »

Ainsi M. Darwin a voulu qu’en fermant son livre le lecteur restât sur une pensée agréable et flatteuse, sans doute pour effacer les tristes impressions du fatalisme qui y règne d’un bout à l’autre, mais en réalité l’avenir qu’il promet ne repose pas sur des bases plus sérieuses que l’existence de ces organismes antésiluriens entièrement créés par son imagination pour les besoins de sa cause.

Nous nous sommes attaché, dans cette analyse raisonnée de l’ouvrage de M. Darwin, à en faire ressortir la pensée fondamentale, les arguments de diverses sortes dont il l’a étayée et les conclusions qu’il en a déduites. Les citations du texte, que nous avons multipliées autant que possible, avaient pour but de faire mieux comprendre son mode de discussion, sa manière de déduire, l’esprit du livre en un mot. C’était aussi le meilleur moyen de donner à notre examen le caractère d’impartialité et de précision qu’il doit toujours avoir, et de soumettre en même temps notre jugement à celui du lecteur.

L’auteur disait, dans sa préface, que cet ouvrage n’était qu’un extrait incomplet des matériaux qu’il possède et qu’il publiera ultérieurement ; nous pensons que les documents qu’il a déjà réunis ici en si grand nombre suffisent pour faire apprécier la valeur de ceux qui sont encore en manuscrits. Si ces derniers sont de même ordre, de même nature que ceux que nous connaissons, ils n’en augmenteront pas le poids, puisque nous avons été souvent obligé d’en contester la valeur ; s’ils sont différents, ils ne doivent pas être bien favorables à l’hypothèse, car on doit supposer que M. Darwin a choisi ses meilleurs arguments, les plus propres à convaincre, ceux qui le frappaient le plus ; on le voit même revenir avec complaisance