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séduisant, en nous permettant de mesurer la durée des formations fossilifères et des intervalles d’inactivité entre les étages successifs qui auraient été d’une immense durée (p. 677). Ces intervalles, que nous voyons mentionnés pour la première fois, ont bien dû apporter quelques difficultés dans la suite des élections naturelles, mais sans doute l’auteur y aura pourvu.

« Dans un avenir éloigné, dit-il encore (p. 679), je vois des champs ouverts devant des richesses bien plus importantes. La psychologie reposera sur une nouvelle base, c’est-à-dire sur l’acquisition nécessairement graduelle de chaque faculté mentale. Une vive lumière éclairera alors l’origine de l’homme et son histoire. »

Cette dernière phrase est une concession bien faible à la nécessité de nommer au moins une fois l’Homme dans une théorie de la vie, mais elle fait encore plus ressortir la grandeur de la lacune dont nous avons parlé. Néanmoins, que de choses nous présage ce paragraphe ! Tout le vieux monde psychologique et philosophique, depuis Socrate et Platon jusqu’à Locke, Mallebranche, Spinosa, Kant, Schelling et M. Cousin lui-même, s’écroulera ; le travail intellectuel de vingt-cinq siècles disparaîtra à la vive clarté du principe de l’élection naturelle qui se sera exercée aussi sur les facultés de l’âme. Les heureux adeptes de la vérité nouvelle, de la vérité vraie, comme jadis les fervents apôtres du romantisme qui détrônaient Corneille, Racine et tous les classiques, accableront alors de leurs sarcasmes les faux dieux que nous adorions si sincèrement.

Enfin, dans ses Dernières remarques, sorte d’Épilogue qui termine son livre (p. 680), « nous pouvons même, dit-il, jeter un regard prophétique dans l’avenir, jusqu’à prédire que ce sont les espèces communes et très-répandues, appartenant aux groupes les plus nombreux de chaque classe, qui prévaudront ultérieurement et qui donneront naissance à de nouvelles espèces dominantes. Comme toutes les formes vivantes actuelles sont la postérité linéaire de celles qui vécurent longtemps avant l’époque silurienne, nous pouvons être certains que la succession régulière des générations n’a jamais été