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à saisir dans certains cas, que chacun n’a pas la même aptitude pour les distinguer, mais ce n’est pas un argument contre la fixité de l’espèce ; celle-ci doit exister par elle-même et être indépendante de tout système de classification ou d’idées théoriques particulières. Quant aux questions qu’adresse l’auteur aux naturalistes (p. 668), on pourrait les lui faire à lui-même ; rien jusqu’à présent n’y répond encore dans son livre. Nous sommes aussi de ceux qui croient qu’il ne faut pas plus d’effort à la nature pour créer un million d’êtres animés que pour en créer un seul, et à cet égard l’opinion d’un mathématicien-astronome nous semble avoir peu d’autorité.

Arrivé aux dernières pages du livre de M. Darwin, de sa récapitulation et conclusion, le lecteur est surpris de n’y avoir encore vu traiter que des transformations supposées des êtres organisés, sans un seul mot qui se rapporte à leur origine première, au point de départ de toute théorie biologique, à la création elle-même.

Ce sujet si grave et si difficile n’a pas cependant été tout à fait omis par l’auteur, qui le relègue seulement au dernier plan de sa vaste composition, sans titre spécial, sans rien qui attire l’attention sur une si grande question. Il semble qu’il ait voulu atténuer la portée du principe radical qu’il va émettre ; ne pouvant échapper à la nécessité de se prononcer, il le fait avec le moins d’éclat possible, sans déguiser pour cela le fond de sa pensée. Peut-être bien des personnes auront-elles passé, sans y prendre garde, sur ce paragraphe intitulé : Jusqu’où la théorie des modifications peut s’étendre, et où quelques phrases comprennent toute l’idée génésique fort simple de M. Darwin.

Après avoir indiqué les relations qui rattachent entre eux tous les membres d’une même classe, soit par leur état embryonnaire, soit par les modifications qu’ils ont éprouvées et qui en font autant de chaînons reliant les divers groupes, il arrive à cette expression la plus condensée de ses principes et de ses convictions (p. 669) : « Je ne puis donc douter que la théorie des descendances ne comprenne tous les membres d’une même classe. Je pense