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sans des motifs bien convaincants par les idées séduisantes qui peuvent n’être revêtues que d’une apparence de vérité, et la non-fixité de l’espèce, à l’appui de laquelle on cherche à accumuler tant de preuves, reste encore suivant nous à démontrer.

Quant à l’immensité des temps exigée pour les effets invoqués, on les admet sans difficulté parce que la géologie la démontre, mais les rapports de ces temps avec les modifications des espèces sont une question distincte et indépendante. Les personnes qui parlent de l’unité de plan ou de type, de l’harmonie de la création, etc., expriment un fait qui les a frappées, mais elles n’ont pas pour cela, comme le suppose M. Darwin, la prétention de l’expliquer ; elles l’étudient dans ses détails et l’admirent dans ses résultats et son ensemble. Si elles repoussent les explications du savant voyageur anglais, ce n’est pas, comme il semble le croire aussi, de parti pris et par l’habitude d’anciennes idées, explication qu’un auteur se donne volontiers, mais sans doute parce que le caractère et la valeur de ses raisonnements, de ses suppositions et de ses preuves ne suffisent pas pour porter une conviction profonde dans leurs esprits.

Il n’est pas non plus nécessaire d’en appeler aux naturalistes de l’avenir ; l’idée fondamentale à laquelle nous allons le voir arriver, quoique tardivement, n’est pas nouvelle ; elle remonte à plus d’un siècle et nous pourrions lui en montrer des traces jusque dans l’antiquité. Elle s’est présentée d’abord sous la forme d’une plaisanterie sans importance, puis elle a été prise au sérieux par des zoologistes éminents ; M. Darwin, qui a commencé par la revêtir d’une forme plus modeste pour la faire accepter, en l’étayant d’un grand luxe de considérations de toutes sortes puis en reléguant à la fin, dans une demi-ombre, la question principale, sera-t-il plus heureux que ses devanciers ? C’est ce dont il est encore permis de douter.

(P. 667.) De ce que certains auteurs décrivent comme espèces des corps qui pour d’autres ne sont que des variétés, ou de ce que l’on reconnaît soi-même que l’on s’est trompé, cela preuve seulement que les caractères spécifiques sont difficiles