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véritables preuves, il en résulte que toute son argumentation reste pour nous sans valeur.

C’est dans l’histoire de la vie à la surface de la terre que le secret de cette succession de phénomènes biologiques peut être cherché. Mais supposer que la nature doit faire pour la perpétuité de son œuvre précisément ce que l’homme s’efforce d’exécuter pour l’altérer ou la détruire, c’est avoir une étrange idée de la puissance créatrice ! Il aurait été réservé à un fermier, à un éleveur de chevaux, à un amateur de pigeons, à un jardinier fleuriste ou maraîcher de surprendre ainsi ses plus profonds secrets ! L’intérêt, le hasard, le caprice ou l’amusement du premier venu auraient été dix fois plus loin dans la connaissance des lois qui régissent le monde organique, que tous les naturalistes qui, depuis deux cents ans, étudient, comparent, méditent avec le scalpel et le microscope ! O vanité des sciences et des savants !!

Que M. Darwin veuille bien sortir un moment de ses suppositions, de ses généralités, des exemples qu’il se plaît si souvent et trop exclusivement à emprunter aux publications de ses compatriotes et de ses amis, qu’il approfondisse les travaux sérieux et détaillés, les résultats donnés par de nombreuses études locales, les monographies de faunes, de flores et de terrains, il verra que la paléontologie fournit déjà beaucoup plus de matériaux qu’il ne le suppose, et il reconnaîtra qu’il a légèrement d’après des données incomplètes. En un mot, pour être en droit de prononcer à cet égard avec quelque autorité, il eût fallu commencer par refaire à son point de vue tous les immenses tableaux de G. Bronn, et nous eussions volontiers accepté alors les conséquences d’un travail entrepris dans la seule voie logique des faits acquis.

(P. 665.) Il se demande ensuite pourquoi les plus éminents naturalistes et les géologues ont rejeté la mutabilité des espèces, quand il y a, suivant lui, tant de raisons pour l’admettre ; il pense que c’est parce qu’on répugne à accepter tout grand changement dont on ne voit pas les degrés intermédiaires. Il nous semble, en effet, très-sage de ne pas se laisser entraîner