Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’espèces, qui a joué un rôle si important dans l’histoire du monde organique, dit plus loin M. Darwin, est une suite presque inévitable du principe de cette même élection, car les formes anciennes doivent être supplantées par des formes nouvelles plus parfaites. »

Mais ceci est une pure illusion ; considérons en effet les espèces d’un genre quelconque qui a traversé les divers étages d’une formation ou même plusieurs formations successives, nous ne verrons point, comme résultat nécessaire, que les dernières espèces soient, pour nous servir des expressions de l’auteur, ni plus parfaites, ni plus belles, ni plus fortes que les premières. Les Térébratules siluriennes sont tout aussi bien organisées que celles de nos jours, et, si nous prenions la famille des brachiopodes tout entière, l’avantage resterait de beaucoup à la période la plus ancienne. Les Pleurotomaires dévoniens ne le cèdent point à ceux de la craie, les Cérites jurassiques à beaucoup de ceux du calcaire grossier ou des mers actuelles. Des familles entières ont disparu sans laisser de traces, d’autres se sont montrées plus tard pour cesser aussi graduellement. Telles sont les trilobites, les rudistes. Les ammonées, les bélemnitidées ont apparu successivement, ont régné, puis ont cessé ensemble à un moment donné. Où est dans tout cela la marque de l’élection naturelle, l’empreinte d’une loi de perfectionnement ?

Objecter ici qu’il y a eu destruction par suite de lutte, ce ne serait encore répondre qu’à un des côtés de la question, celui de l’extinction ; ce serait méconnaître en outre ces oscillations et ces dépressions plus ou moins prononcées des forces vitales à certains moments, comme à partir de l’époque houillère jusqu’au commencement du lias. Quel est le paléontologiste qui, suivant les dépôts entre ces deux termes, pourrait en relier les produits par l’hypothèse de M. Darwin ? Je sais bien que ce savant répondra par l’insuffisance des données paléontologiques, mais, comme nous ne raisonnons qu’avec les faits acquis à la science, et lui sur des suppositions ou sur des données que leur origine ne nous permet pas d’accepter pour de