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emprunterons cependant à ce dernier le passage suivant, qui exprime la pensée de l’auteur d’une manière concise et sans laisser aucune incertitude. « Les habitants de chaque période successive dans l’histoire du monde, dit-il (p. 484), n’ont pu exister qu’à la condition de vaincre leurs prédécesseurs dans la bataille de la vie. Ils sont par ce fait, et autant qu’il a été nécessaire à leur victoire, plus élevés dans l’échelle de la nature et généralement d’une organisation plus spécialisée. C’est ce qui peut rendre compte de ce sentiment général et mal défini qui porte beaucoup de paléontologistes à admettre que l’organisation a progressé, du moins quant à l’ensemble, à la surface du monde. »

On conçoit que M. Darwin s’applique tout le bénéfice de cette dernière remarque ; mais nous ne pouvons, ainsi que nous l’avons dit plus haut, consentir à voir le principe du monde organique reposer sur le résultat de la lutte du fort et du faible, sur la victoire du premier sur le second, victoire qui, poussée dans ses dernières conséquences, devait anéantir non-seulement tous les faibles, mais les forts eux-mêmes à leur tour. Nous ne pouvons apercevoir nulle part de véritables preuves de ce matérialisme et de ce fatalisme combinés, aboutissant à la négation absolue de toute intelligence directrice, et les efforts répétés et compliqués de l’auteur pour rattacher son hypothèse à toutes sortes de faits incohérents, commentés, expliqués, retournés, sont le meilleur témoignage de sa faiblesse même.
Chap. XI

Distribution géographique.

Le chapitre xi, qui traite de la distribution géographique des êtres organisés, est sans doute un des plus intéressants de l’ouvrage de M. Darwin ; mais tous les sujets dont il y est question ne se rapportent pas immédiatement à la pensée de son livre. Il croit d’abord que la distribution géographique actuelle ne peut s’expliquer par les différences locales des conditions physiques ; il insiste néanmoins sur l’importance, à cet égard, des barrières naturelles qui s’opposent à la libre répartition des animaux et des plantes dans toutes les directions, et sur les affinités des productions d’un même continent ; tous ces rapports, de même que ceux qui existent entre les faunes immédiatement