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qu’elle ne le sera même jamais d’une manière absolue. Que ce soit un mammifère ou un oiseau, un cirrhipède ou un poisson de tel ou tel ordre qui vienne à être découvert, peu importe ; et quand même tous les intervalles pourraient être remplis dans le passé et dans le présent, le mode de remplissage resterait à démontrer, et la théorie de l’auteur ne serait pas prouvée pour cela ; elle serait seulement une probabilité ; or, comme on le voit, elle en est encore bien loin.

(P. 432.) En parlant de l’apparition soudaine de groupes entiers d’espèces alliées dans les strates fossilifères les plus anciens, M. Darwin dit : « Cependant la plupart des raisons[1] qui m’ont convaincu que toutes les espèces d’un même groupe descendent d’un progéniteur commun s’appliquent avec une égale force aux espèces les plus anciennes. Je ne puis douter, par exemple, que toutes les trilobites siluriennes ne soient descendues de quelque crustacé qui doit avoir vécu longtemps avant cette époque géologique, et qui différait probablement beaucoup de tous les animaux connus. Quelques uns des fossiles siluriens les plus anciens, tels que le Nautile, la Lingule, etc., ne diffèrent que très-peu des espèces vivantes ; et, d’après ma théorie, on ne saurait supposer que ces anciennes espèces aient été les ancêtres de toutes les espèces des ordres auxquels elles appartiennent, car elles ne présentent nullement des caractères intermédiaires entre les diverses formes qui ont depuis représenté ces ordres. De plus, si elles avaient servi de souches à ces groupes, elles auraient probablement été depuis longtemps supplantées et exterminées par leurs nombreux descendants en progrès.

« Conséquemment, si ma théorie est vraie, il est de toute certitude qu’avant la formation des couches siluriennes inférieures de longues périodes se sont écoulées, périodes aussi longues et peut-être même plus longues que la durée entière des périodes écoulées depuis l’âge silurien jusque aujourd’hui :

  1. L’auteur dit raisons (arguments) et non preuves ou observations directes, qui en effet font presque toujours défaut.