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d’angles, on ne doit nullement s’étonner de voir des couches perpendiculaires à l’horizon ou même contournées et dans des situations que des sédiments n’eussent jamais pu prendre. »

Cette idée de la cristallisation des couches de sédiment était d’ailleurs fort en vogue à cette époque, comme on le verra plus loin, et de Saussure ne croit pas impossible que les tranches même des couches du Salève, coupées, comme on le voit aujourd’hui, presque à pic du côté de Genève, n’aient été disposées ainsi dès l’origine. Aussi repoussa-t-il les explications de Pallas et de Lazzaro Moro, relatives au soulèvement de ces mêmes couches, plus ou moins redressées dans les montagnes. Cependant on vient de voir que de Saussure ne se fait pas faute d’évoquer les secousses violentes qui bouleversent des montagnes entières, lorsque ces secousses lui sont nécessaires pour faire mouvoir les eaux de ses grandes débâcles, et l’on peut dire alors qu’il fait jouer lui-même les grandes machines dont il reproche assez gratuitement l’emploi aux autres (p. 189).

Après avoir décrit et figuré deux coquilles bivalves remarquables du Salève, l’une que de Luc avait fait connaître, sans la nommer, et qui est la Diceras Lucci, Defr., l’autre une Pinnigène (P. Saussurii, Defr.), de Saussure fait remarquer que la montagne des Voirons, située au nord-est de la précédente, de l’autre côté de l’Arve, est composée de grès en couches inclinées aussi vers les Alpes, et qu’à partir de Taninge, c’est au contraire de ce côté que les montagnes commencent à présenter leur face abrupte. Les couches du Môle confirment aussi cette observation générale, que les montagnes secondaires sont d’autant plus irrégulières et plus inclinées qu’elles s’approchent davantage des roches primitives (p. 229). Les coteaux de Montoux, de Boisy sont également formés de grès tendres ou mollasses, plus ou moins relevés vers le lac, et, d’après les calcaires qu’on y trouve, notre savant guide admet que la mer y a séjourné longtemps. Il se fonde sur ce que « les pierres calcaires ne se forment que par des sédiments successifs des eaux peuplées d’animaux marins, et les grès, étant à ciment calcaire, doivent s’être aussi déposés dans la mer. » Ainsi, il n’admettait