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Scheuchzer, on y trouve, au milieu de beaucoup d’expressions diffuses et de cette phraséologie qui caractérise l’époque, des remarques judicieuses et originales sur des sujets traités souvent depuis avec beaucoup moins de sagacité. Ainsi, dans son Specimen lithographiæ Helvetiæ curiosæ[1] il s’est beaucoup occupé des pierres lenticulaires ounumismales des cantons de Schwytz, d’Uri et de Lucerne, de même que dans ses Miscellanæa curiosa[2], et, depuis cent cinquante ans que près de deux cents naturalistes ont décrit ces corps, aucun d’eux n’a rien dit de plus exact que lui.

Le catalogue raisonné de sa collection, qu’il a publié en 1716, est disposé d’une manière tout aussi méthodique qu’on pourrait le faire aujourd’hui. De quinze cents objets qui y sont énumérés, cinq cent vingt-huit provenaient de la Suisse, et le reste de divers pays. Depuis les plantes jusqu’aux mammifères, toutes les divisions des deux règnes y sont représentées. Les cornes d’Ammon seules sont au nombre de 149, et Scheuchzer est probablement le premier qui ait essayé de les classer suivant un certain ordre. Il en forme d’abord deux groupes : l’un comprenant celles qui sont épineuses, l’autre celles qui ne le sont pas. Chacun d’eux se divise suivant que les Ammonites sont lisses ou striées. Les cornes d’Ammon lisses se subdivisent d’après leurs tours comprimés, épais, arrondis, etc. ; les cornes d’Ammon striées, suivant que les stries sont simples, bifurquées, trifurquées, etc. Il reprend ensuite, en se conformant à ses divisions, les cent quarante-neuf formes qu’il a distinguées et ajoute à chacune une phrase courte, caractéristique, sans jamais omettre l’indication de la localité d’où elle provient. Ce travail est bien supérieur à la longue dissertation historico-physique qu’avait donnée Reiskius en 1689 sur les Ammonites de Brunswick. Les Bélemnites sont placées par Scheuchzer après les Astéries et les Entroques, méprise bien excusable alors. En un mot, ce catalogue a pour le temps

  1. 1702.
  2. 1697.